Pat Metheny & Anna Maria Jopek – Upojenie

Anna Maria Jopek, instrumentiste et chanteuse polonaise très renommée dans son pays d’origine, a produit, depuis 1997 et le fondateur « Ale Jestem », plusieurs disques de jazz qui ont connu un certain succès en Europe. Elle rêvait de travailler avec Pat Metheny et ce fut chose faite en 2003. Bel exemple en vérité de collaboration entre deux artistes dans un respect musical évident. Si Anna Maria Jopek faisait la part belle, sur « Upojenie », à des reprises des standards de Metheny et à des titres plus intimistes, le grand Pat mettait également sa guitare au service d’autres morceaux de la belle demoiselle ou de ses musiciens, dans un esprit d’ailleurs éminemment « smooth-jazz ». Enfin, « sa guitare », vous nous comprendrez : nous aurions dû écrire « sa guitare Pikasso 42 cordes, ses guitares acoustiques, électriques, classiques et sa guitare synthé »…

De surcroît, ce diable d’homme est parvenu, de toute évidence, à se fondre dans l’esprit de compositions qui n’étaient pas les siennes, pour y délivrer des soli ahurissants. Les reprises se sont surtout faites dans son répertoire des années 80-90 (« Secret Story » était à l’honneur mais la plupart de ses autres opus, de « Offramp » à « Imaginary Day », étaient également revisités), souvent dans son registre le plus mélancolique. Le sommet du disque était peut-être bien « Bye On Bye Tu » qui revisitait « Farmer’s Trust » de manière étincelante : la complicité entre la voix et la six-cordes y atteignait des sommets. L’interprétation d’Anna Maria, entre fragilité et apesanteur, montrait une compréhension profonde d’un univers sonore sachant se mettre au diapason des émotions humaines les plus indicibles et les plus universelles.

L’ambiance du CD était donc souvent intime, feutrée, comme une confidence. Anna-Maria rejoignait ainsi, dans la discographie parallèle de Metheny, Noa, Cassandra Wilson et quelques autres grands artistes servis par ce musicien définitivement majeur. Ce fut un album de platine, preuve si besoin était que la qualité n’est pas forcément incompatible avec le succès !

Bertrand Pourcheron &  Philippe Arnaud (9/10)

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