Pain Of Salvation – Panther
Inside Out Music
2020
Rudzik
Pain Of Salvation – Panther
Pain Of Salvation est le seul groupe que je connaisse qui n’ait sorti que des concepts albums. Panther ne déroge pas à la règle, lui qui traite des conflits larvés entre les gens dits « normaux » et ceux qui sont en dehors des sentiers balisés de cette société de plus en plus bien-pensante, mais également intrusive. Daniel Gildenlöw apparaît revenu au sommet de sa forme après avoir frôlé le pire suite à la terrible infection due à des streptocoques subie il y a trois ans… ayant constitué le concept de l’album précédent du groupe In The Passing Light Of Day.
Certes, Pain Of Salvation, dont le line-up a souvent été bien tourmenté, a dû de nouveau faire face à une défection, celle du guitariste Ragnar Zolberg avec, du coup, le retour de Johan Hallgren à ce poste. Ce genre d’évènement apparaît bien digéré sur ce Panther de haute volée. En effet, la nouvelle progéniture de POS semble continuer sur la voie d’un retour aux sources (ré)ouverte par In The Passing Light Of Day. Il faut dire que les virages pris avec Be et surtout les Road Salt voulus comme des plongées dans les mythiques 70’s ont été diversement appréciés par les fans de ce groupe jamais facile à suivre dans ses pérégrinations musicales.
Pain Of Salvation est un peu le champion des assemblages de rythmiques improbables générant des polyrythmies complexes et souvent difficiles à appréhender lors d’une première écoute. Leurs albums doivent toujours être passés plusieurs fois pour pouvoir être appréciés parfois jusqu’à crier au génie (Remedy Lane, Be) ou être rejetés (les Road Salt). La première écoute de Panther est du même acabit car dès « Accelerator », il faut se caler rythmiquement avec ces coups de claviers plaqués sur une batterie « mitraillette » le tout dominé par le chant incroyable du versatile Daniel. Résultat : j’aime ou j’aime pas ??? Impossible de conclure, mais on a immédiatement envie d’en savoir plus. Et là, surprise ! On a droit à un très lourdingue « Unfuture », très classique au niveau rythmique sur lequel on demeure ébahi par le magnétisme vocal de Gildenlöw et la puissance de ce mur de son électrique. En fait, chaque titre permet de s’extasier sur ce qu’il réalise, car il faut bien dire que le mentor de POS est certainement l’un des meilleurs chanteurs de sa génération, capable de tout avec cette voix unique même s’il faut reconnaître que le recours à certains effets spéciaux permettent d’amplifier ces effets comme sur « Restless Boy ». La rythmique se fait plus aérienne, car impulsée par le piano de Daniel ‘D2’ Karlsson le temps d’un « Wait » avec son refrain plus popisant, mais également avec son batteur épileptique Léo Margarit aux commandes sur un « Keen To A Fault » plus en conformité avec les canons du prog.
Ce onzième album est le digne héritier des débuts du groupe de par ses sonorités électroniques typées 90’s. « Panther » renvoie carrément au fusion rapcore de la même période démocratisé par Linkin Park. Elle ne se laisse pas facilement apprivoiser de par ses alternances tribales rap sauvages avec des passages ronronnant doucereusement. Chaque album de Pain Of Salvation est une aventure en pays inconnu pour les fans, non pas que son mentor se sente obligé de systématiquement prendre le contre-pied de ce à quoi la fan-base s’attend, mais c’est juste qu’à chaque fois qu’il met les pieds en studio, il ne peut s’empêcher de faire les choses différemment et de tester des trucs nouveaux. Ainsi, le caméléon suédois continue à nous déstabiliser avec, pêle-mêle, un sympa instrumental de banjo simplissime (« Fur ») et un très oriental « Species » dont le riff principal hérisse agréablement le poil. Mais la Panther est toutes griffes dehors pour un « Icon », final dramatique proposant de précieux moments de délicatesse extrêmes et explorant toute la riche palette guitaristique de Johan Hallgren, ce dernier nous gratifiant d’un solo à faire jaillir des flots de larmes de nos yeux embués par tant d’intense beauté. À la fin de l’album, les accents de ce monstrueux pavé musical torturé de près d’un quart d’heure résonnent encore longtemps dans notre tête.
Pas de doute, Pain Of Salvation est diablement revenu au devant de la scène avec une Panther qui transforme chacun de nous en patient dompteur devant prendre son temps pour parvenir à maîtriser la bête musicale. À écouter a minima cinq à dix fois pour l’apprécier à sa juste et très haute valeur.
www.painofsalvation.com
www.facebook.com/painofsalvation
Excellente chronique, superbe album et fabuleux groupe.
Merci pour le compliment mais il n’y a pas de bonne chronique sans un bon album.
Faux mon cher. On peut faire de très bonnes chroniques sur de mauvais albums. Je pense qu’on en a quelques exemples sur notre site 😉 Le contraire est aussi vrai. On peut avoir de très mauvaises chroniques sur de très bons albums. On a aussi quelques exemples ici haha. Mais personne n’est parfait, c’est la constante 😉