16Pac – Underwater Sessions
16Pac
Autoproduction
Les Français de 16Pac, après 12 ans d’existence, en sont déjà à leur quatrième offrande. Un EP de 6 titres pour 32 minutes, que l’on peut juger par sa cohérence comme un vrai album. Construire une atmosphère est au cœur de ces compositions où l’on est invité à se laisser (em)porter. On y retrouve des influences trip-hop, un peu de post-rock par ci, de l’électro par là, dans des morceaux souvent hypnotiques, comme cet « American Rhapsody », envoutant. Emma, la chanteuse a un étonnant pouvoir d’ensorceleuse. Elle pourra également faire penser sur certaines mélodies, à un Brian Molko de Placebo, comme sur « Understand Well », un titre électro renforcé par l’excellente guitare atmosphérique de François. Le son est assez brut, pas d’artifices, pas d’effets à profusion, l’authenticité de la démarche se sent. La volonté du groupe de rester dans des sphères hypnotiques, sur « Sinking » déstabilise : avec une superbe mélodie vocale et cette excellente composition, le groupe aurait pu aller chercher la lumière vers une pop éclatante. Il n’en est rien. Dommage ou non, le talent est là.
« Californian Girl », malgré une première partie un peu plate, explose lorsqu’Emma donne de la puissance à sa voix, et qu’un superbe solo de guitare de François emmène le morceau vers une échappée insoupçonnée et bienvenue. L’écho post-rock de « Cuddling » aurait pu convenir à The Gathering, par exemple, qui aurait pu s’y retrouver dans cette douceur mélancolique intemporelle. La voix assurée d’Emma, le jeu de guitare de François et ses atmosphères aux claviers, la basse discrète mais indispensable de Vincent et le jeu subtil de batterie d’Eric, qui apporte beaucoup de style, font du morceau le plus beau de l’album.
Enfin, « Snowflake », atmosphérique à souhait, s’envole dans un post-rock d’abord aérien puis terrien, comme pour mieux accompagner la chute du flocon. Encore un superbe travail sur la guitare de François, ainsi qu’une batterie inventive. Ces sessions sont le reflet d’un groupe qui a une vision de son travail, une ligne directrice pétrie de multiples influences, certes, mais qui arrive réellement à créer une identité. Un groupe à suivre, et qui mérite une plus large audience. A suivre donc.
Fred Natuzzi (7/10)