Ojard – Euphonie

Euphonie
Ojard
Contours
2017

Ojard – Euphonie

Ojard Euphonie

Il y a un côté mystérieux chez Ojard, alias Maxime Daoud. À première vue, la musique, qualifiée d’easy listening sur la page bandcamp, est faite pour passer en fond sonore. Mais cela serait trop simple. Si l’on s’attache aux mélodies d’Euphonie, aux trouvailles discrètes et subtiles qui accompagnent richement les morceaux, à ce timbre parfois folk en clair-obscur ou jazzy, ou encore aux touches que l’on pourrait retrouver dans le courant progressif pastoral italien, subitement on se retrouve projeté dans une bande son de film, rappelant à certains détours Ennio Morricone ou John Barry (tiens, les mêmes références que l’on retrouve chez un certain… Arman Méliès, il n’y a qu’à se plonger dans la magnifique « Regarde En Bas Où L’Ombre Est Plus Noire » pour s’en convaincre !), et plein d’autres compositeurs. Et c’est un petit bonheur !

Ojard Euphonie band1

Il y a une élégance rare dans ces musiques (« Plage De La Concurrence », « Les Machines Parlantes », « Les Coursiers De L’Exil »), une fausse nonchalance (« Dormir ») dans ces courts morceaux qui invitent à la rêverie, à la contemplation (le dernier morceau, « Quelle histoire, Là-Bas, Attend Sa Fin ? » est clairement une incitation à continuer le voyage par soi-même). Comme chez le frère de Maxime, Adrien Soleiman (voir la chronique de Brille), il y a beaucoup de nostalgie dans Euphonie, les morceaux nous renvoient à notre imaginaire via des tendances 70’s très plaisantes, facilitant ainsi nos projections cinématographiques. On peut aussi penser aux productions instrumentales de Anthony Phillips et même par moments à Steve Hackett (« Sans Craindre Le Vent Et Le Vertige »). Chacun pourra imprimer les références qu’il possède et c’est là la grande force de ce disque. Erik Satie (« La Question ») ou Brian Eno sont également dans l’ombre de ces vignettes. Avoir le pouvoir d’évocation, d’enlever du monde, de créer une bulle, de proposer un univers et de laisser celui qui écoute le modeler à son image, c’est quelque chose de rare. De plus, cette magie opère dès la première écoute, comme une grande promenade hors du temps. Et lorsque l’on sait que ces morceaux ont été enregistrés en « one-shot », c’est une preuve du degré de qualité des musiciens.

Outre Maxime Daoud aux guitares, basse, synthés, clarinette (son premier instrument), percussions et boite à rythmes, il y a surtout la flûte magnifique d’Arnaud Sèche, qui fait office de voix, et qui nous transporte d’ambiance en ambiance, de film en film. Sa maîtrise impressionne et nous berce tout du long. Pierre Antoine complète la formation à la guitare, avec Adrien Soleiman au saxophone.

Ojard Euphonie band2

« Euphonie » veut dire d’après le Larousse « qualité des sons agréables à entendre ou aisés à prononcer ». Il y a donc une recherche de douceur, une volonté de faciliter l’écoute (d’où l’easy listening !) et de flatter l’oreille. Non pas en produisant une musique d’ascenseur (ignoble en général), mais bel et bien une musique recherchée, intelligente, vivante, et qui est destinée à accompagner un bout de chemin, même l’espace de deux minutes, la personne qui l’entendra. Et si cette même personne l’écoute, ce sont des trésors qui s’ouvriront à lui. Allez donc les trouver !

Fred Natuzzi

Coup de Coeur C&Osmall

https://ojard.bandcamp.com/

https://soudcloud.com/ojard

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