Nosound – Afterthoughts
Nosound
Kscope
Quatre ans après « A Sense Of Loss », Nosound, le plus anglais des groupes italiens revient avec son quatrième album studio, « Afterthougts ». Entretemps, Giancarlo Erra, leader du groupe, avait eu le temps de travailler avec son ami Tim Bowness sur un projet annexe, Memories Of Machines, pour nous offrir le fabuleux « Warm Winter« , qui montrait un côté plus dynamique aux compositions d’Erra, même si « The Northern Religion Of Things », qui était sorti quasiment en même temps, offrait de nouvelles interprétations d’anciens morceaux de Nosound en plus dépouillés. Le cœur de Erra balance, et du coup, la direction que prend son groupe mélange toutes ces ambiances. Pour remplacer le batteur, c’est Chris Maitland qui est invité sur le disque. Son jeu apporte beaucoup de dynamisme et d’inventivité, et conforte la parenté avec Porcupine Tree. Mais pour autant, ce disque respire le désespoir, porte haut les teintes grises de l’existence, et interroge sur le mal-être, la fugacité des choses.
Dès le premier morceau, « In My Fears », on est embarqué dans cet univers mélancolique si familier, et des effluves de Pink Floyd, Porcupine Tree, Lunatic Soul (excellent projet du chanteur de Riverside) et Anathema rappellent dans quelle catégorie Nosound veut jouer. La batterie aérienne de Maitland, la guitare discrète de Erra, les atmosphères du nouveau clavier, Marco Berni, et le merveilleux quatuor de cordes, tout est là, tout est beau. Ambiances envoûtantes, tristes, hypnotiques, les sentiments de perte abondent dans les chansons, où Erra parle de choses très personnelles, renforcée par cette voix, souvent en écho, feutrée, blottie au cœur des mélodies, presque déstabilisante parfois. « I Miss The Ground », parfait équilibre entre batterie énergique et guitare planante, montre bien l’entre-deux dans lequel se situe le groupe, avec un titre proche d’un Steven Wilson des débuts de Porcupine Tree. « Two Monkeys » et sa basse jazzy comme un soir de pluie, envoûte avec sa belle nostalgie. « The Anger Song » possède un beau développement musical dans sa dernière partie.
De l’émotion, il y en a à revendre sur cet album et notamment sur « Encounter » où elle est palpable, piano et violoncelle entremêlés, voix grave et triste, climat éthéré. « She » est dans le même registre, et le violoncelle de Marianne De Chastelaine, une habituée de No-Man, fait des merveilles, avant une explosion musicale salvatrice. « Wherever You Are » montre l’étendue des talents de Chris Maitland, le morceau décolle grâce à lui, même si sa construction est très réussie : d’abord acoustique, puis dynamique, avant que de magnifiques notes de piano tombent comme une pluie douce sur la fin du titre. « Paralysed » confirme le cousinage avec Anathema et cette splendide guitare plaintive qui nous transporte dans sa mélancolie, avant un passage à l’Italien, poignant avec cette fin qui fait mal. Enfin « Afterthought », calme et tranquille, conclut sur une note émotionnelle implacable, sans échappatoire.
Nosound nous offre un album qui, comme « Weather Systems » d’Anathema, procure de profondes émotions. C’est sous la surface qu’il faudra aller chercher l’essence de cet opus dont on ne ressort pas indemne. Ames mélancoliques et enclins à s’aventurer sur les chemins vaporeux et éthérés des sentiments insaisissables, laissez Nosound vous perdre et vous retourner les tripes.
Fred Natuzzi (8,5/10)