No-Man – Love And Endings
No-Man
Burning Shed
Ce live de No-Man, enregistré en Angleterre l’année dernière, n’était normalement disponible que sur Burning Shed, le site de Steven Wilson, vendant son merchandising par internet. Le label EMI l’a sélectionné, et l’a mis dans sa sélection progressive « Prog rocks ! », qui, tous horizons progs confondus, met en avant des albums de toutes époques, à prix réduit. Il se compose d’un album et d’un dvd du concert, pour une durée totale de 56 minutes. Ce live donne à voir un groupe cohérent, en phase avec une musique parfois exigeante et assez expérimentale. En effet, en concert, No-Man se détache de ses albums pour délivrer des incarnations musicales assez différentes des originales. Comme le dit Tim Bowness lui-même, chaque concert est différent, du fait que le groupe sur scène peut expérimenter, improviser, ou étirer des parties instrumentales. Les paroles sont aussi revues, comme en partie sur ce live, afin d’adapter les morceaux aux musiciens qui l’accompagnent. Outre Steven Wilson aux guitares, on retrouve Michael Bearpark, également aux six cordes, le génial Steve Bingham au violon électrique, Stephen Bennett aux claviers, Pete Morgan à la basse et Andrew Booker à la batterie.
Les 9 titres de l’album passent en revue l’histoire musicale du duo, depuis leur début, avec « Beaten By Love », écrit en 1987 et jamais sorti, jusqu’au dernier album en date, « Schoolyard Ghosts ». Ce « Beaten By Love » est assez spécial d’ailleurs : très sombre, et torturé, il aurait presque pu figurer sur le dernier solo de Wilson, avec son riff angoissant, son violon discordant et ses percussions inquiétantes. Un ovni ! De l’album « Wild Opera » sont joués 3 morceaux ; « My Revenge On Seattle » est le parfait exemple de l’univers familier de No-Man, avec une économie de parole, une pop atmosphérique et sa deuxième partie plus dynamique : une beauté parfaite, typique de l’alchimie du groupe qui a transcendé ce morceau en live. « Time Travel In Texas » est plus expérimentale et joue sur des sonorités inquiétantes. Malheureusement, ce titre n’arrive pas à décoller, et laisse une impression bizarre d’inachevé.
Enfin, « Pretty Genius » installe un climat plus cool, soul et jazzy à la Isaac Hayes ! Très agréable morceau ! De « Flowermouth », nous retrouvons « Things Change » avec une deuxième partie excellentissime, surtout pour l’extraordinaire performance au violon de Steve Bingham. De « Returning Jesus », c’est le progressif « Lighthouse » qui a les honneurs de la scène, avec un très bon travail à la guitare par Steve Wilson et toujours le violon de Bingham, en conversations harmoniques. L’ambient et magnifique « All The Blue Changes », tiré du, peut-être, meilleur album de No-Man, « Together We’re Stranger » est transformé lui aussi par le rendu live, et le rajout de guitare lui sied à merveille, surtout dans le climax final. Un morceau intense. Enfin, de « Schoolyard Ghosts », « Wherever There is Light » apporte sa sérénité lumineuse au set, et « Mixtaped » son pendant sombre et ses magnifiques parties progressives, le tout étiré sur presque 10 minutes intenses.
No-Man fait la démonstration que sa musique n’est ni figée, ni ennuyeuse, elle est en constante évolution ; et en live sa puissance dépasse les attentes, en explorant d’autres horizons où les univers se télescopent. Fascinant.
Fred Natuzzi (8/10)