Neneh Cherry And The Thing – The Cherry Thing
Neneh Cherry And The Thing
Smalltown Supersound
Neneh Cherry, on s’en souvient à son heure de gloire en 1994, sa voix sensuelle en diable à foutre une érection à un impotent, ses duos avec Youssou N’Dour et puis… plus grand chose. La Suédoise ayant contractée la maladie de Lyme, l’obligeant à prendre une retraite anticipée dont elle se serait bien gardée. Et voilà que la diva revient sur la scène à presque 40 ans (et toujours aussi sexy !) en compagnie de The Thing, comportant en son sein Mats Gustafsson et Paal Nilsen-Love, adepte d’un free-jazz incendiaire teinté de rock frondeur. Franchement, à la base, je n’étais pas plus partant sur ce disque. Tout juste avais-je aperçu la pochette sur All About Jazz. Après, je l’écoute chez mon disquaire favori (voyez la news sur Souffle Continu, bande de mécréants), je le télécharge, je l’écoute, je l’achète. Et puis voilà, « The Cherry Thing » passe, passe et repasse sur la platine, une fois par jour, au moins un titre.
Quelques fois, ce sera lors d’une promenade nocturne, un autre fois sur mon canapé, les yeux fixés vers la fenêtre ouverte, ou dans les transports en commun, yeux clos, tapant du pied, me croyant dans un bar enfumé. « The Cherry Thing » réussit à attirer l’oreille et en rendre attractif chaque parcelle. Que ce soit dans ces passages sobres où la contrebasse de Ingebrigt Håker Flaten et la voix de Neneh Cherry dialoguent, tout en souplesse, comme dans ses instants plus tendus quand la machine The Thing se met en route, la frénésie n’étant jamais bien loin. Elle explosera d’ailleurs, dans la reprise des Stooges le bien nommé Dirt, furie free-jazz bruitiste et décapante en sa moitié. Quelle que soit l’heure à laquelle on passe le disque, on le verra différemment. Le matin, on sentira les effluves pop langoureuses, la voix chaude et tactile de la dame au creux de nos oreilles. Le soir, ce sera plus la mélancolie de « What Reason Could I Give ? », ainsi que le touchant « Golden Heart », hommage à Don Cherry… À d’autres moments ce sera l’étincelle, rock, tribale, un côté punk/industriel qui surgit, comme ça, là ! Pouf ! Et ça marche, on en redemande, dépendant, accro… L’afflictif Mats Gustafsson jouer et construire/déconstruire ses lignes de mélodies, ce dialogue percussif avec Paal Nilsen-Love, ce plaisir de Neneh Cherry au micro, vivant ses titres, ses reprises réappropriées avec brio.
Ben… Finalement, « The Cherry Thing » est une surprise, vraiment… Celle qu’on attendait pas trop, un peu quand même, mais pas franchement. Et ce sont celles-là qui ont le plus de saveur dans la bouche. Le côté sucré, doucereux, languissant contrebalancé par ces contours excessifs dans leurs enchaînements où l’on ignore le point de chute. En gros, c’est un maître achat pour accompagner l’été et rendre l’hiver moins long.
Jérémy Urbain
(8,5/10 pour l’ensemble, 9/10 sur la durée,
parce que bon… C’est trop bon !!)
Il existe un plein de vidéos sur Neneh Cherry & The Thing. Pour la différence entre prise studio et déferlement live, c’est par ici que ça se passe…