Neal Schön – So U
Neal Schon
Frontiers Records
Voici donc le 7ème album studio du guitariste Neal Schön, membre fondateur du groupe soft-rock américain Journey et participant à de nombreux autres projets (Bad English, Hardline, et plus récemment Soul SirkUS). Si je connais assez bien les différents opus de Journey, j’avoue que la carrière solo du guitariste m’est un peu passée à coté, et c’est donc la première fois que j’écoute l’une de ses créations. Les albums solos des guitaristes sont souvent à double tranchant : soit on assiste à une démonstration technique qui très vite devient fastidieuse pour les non-initiés, soit l’on découvre un véritable ovni plein de caractère. Celui-ci, enregistré avec Marco Mendoza (basse) et Deen Castronovo (batterie et chant), relève plutôt du second cas, sans non plus atteindre des hauteurs stratosphériques. Après une écoute entière, cet album passe très bien et rebondit de morceau en morceau en alternant titres instrumentaux et chantés, un agencement fort judicieux qui constitue l’un des meilleurs attraits de cette galette.
Le premier titre du CD, « Take A Ride », démarre avec une intro des plus accrocheuses, et qui en live devrait faire un tabac. C’est un morceau chanté, et malgré une guitare très présente, la voix se mêle à l’ensemble avec une harmonie des plus appréciables, et on sent là une forte influence du pourpre profond. La suite enchaîne des titres des plus divers mêlant le style AOR avec des notes qui lorgnent davantage vers le blues. L’un d’eux se détache du lot, il s’agit d’ »Exotica », un instrumental d’environ cinq minutes qui montre tout le talent du bonhomme et nous plonge dans un tempo jazzy basse/batterie bien appuyé, sur lequel la mélodie guitaristique nous fait voyager. La ressemblance avec un certain Frank Marino (guitariste canadien qui affectionnait ce genre d’exercice) se fait ici sentir.
Il y a bien sûr quelques ballades, comme « Love Finds A Way » (la jolie voix puissante et éraillée de Deen Castronovo y fait des miracles !), ou le titre éponyme « So U » qui nous emmène dans une longue escapade mélodique de dix minutes. D’autres morceaux sont plus rentre-dedans, tels que « What You Want » ou « Shelter », et on sent à travers eux des petits retours du style propre à Journey. La création de Neal Schön est comparable à un voyage en train avec de nombreux arrêts en gare, où l’on ne sait jamais vers quelle destination on va se rendre par la suite. Chaque composition, qu’elle soit chantée ou instrumentale, nous plonge dans un univers singulier, et chaque pause nous fait ensuite changer de direction, jusqu’à ce que le dernier titre « Big Ocean » ne vienne clore de fort belle manière l’arrêt terminus.
On prend un réel plaisir à l’écoute de cet album fort sympathique (sans être génial), et qui reste avant tout l’œuvre d’un guitariste qui n’a plus rien à prouver, un instrumentiste qui se fait plaisir en faisant plaisir à son public. Que demander de plus parfois ?
Rodolphe Lambert (7/10)
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