Nad Sylvan – Courting The Widow
Nad Sylvan
Inside Out
J’avais découvert Nad Sylvan à travers sa participation au très bon Agents Of Mercy, side-project de l’infatigable Roine Stolt, sans oublier la collaboration live de ce groupe international avec Karmakanic (« The Power Of Two »). Par contre, j’avoue humblement ne pas avoir eu connaissance de la contribution du grand blond (mais pas avec une chaussure noire !) au projet Unifaun et son unique album éponyme paru en 2008. Nad Sylvan a surtout été mis en avant grâce à sa présence dans plusieurs opus récents du grand Steve Hackett, notamment « Genesis Revisited II » et les deux excellents disques en public qui ont suivi, contribuant largement à sa consécration. Le chanteur suédois fut ainsi une grande révélation pour beaucoup de mélomanes amateurs de rock progressif dont je fait partie. Nad Sylvan est doté d’une voix qui sonne comme un mix entre celle de Peter Gabriel et de Phil Collins, et ses intonations particulières nous remémorerant les plus belles heures du grand Genesis. Mais son talent ne se résume pas à un simple copié-collé des deux chanteurs emblématiques, loin s’en faut, puisque l’artiste nous présente aujourd’hui son troisième album solo « Courting The Widow » (après les confidentiels « The Life Of A Housewife » en 1997 et « Sylvanite » en 2003), sur lequel on retrouve tout le gratin de la musique prog actuelle.
Steve Hackett fait immanquablement partie du voyage, tout comme Roine Stolt, Jonas Reingold, Nick Beggs, Nick D’Virgilio et bien d’autres. Tous ces prestigieux musiciens confèrent à l’album un caractère nettement symphonique et progressif, mais ça, on s’en serait douté ! Concept-album qui nous emmène dans un galion du 17ème siècle, et qui nous conte le voyage d’un vampire de retour chez lui pour « courtiser la veuve » (le look de Nad Sylvan en dit long sur ses penchants pour ce genre d’histoire !), « Courting The Widow » étale son propos durant plus de soixante dix minutes de musique à la fois subtile, romantique et judicieusement alambiquée.
Genesisien à souhait, « Courting The Widow » (le morceau) nous plonge directement dans l’ambiance, et on se sent propulsé dans une oeuvre à l’esprit globalement « seventies », avec cette intensité caractéristique au niveau de la construction des morceaux. L’intro au mellotron sur « Echoes Of Ekwabet » est emblématique du style auquel se réfère le chanteur. Les orchestrations et les passages de flûte signés Rob Towsend font incontestablement de ce titre l’un des meilleurs moments de l’album. Et pour être tout à fait fidèles au genre, Nad Sylvan et ses potes ont pondu une grosse suite de plus de vingt-deux minutes, dans laquelle les musiciens s’en donnent à cœur joie pour nous en mettre plein les oreilles. En effet, « To Turn The Other Side » fait d’emblée figure de « classique », et ce morceau à tiroirs fera bien sûr penser aux Flower Kings (un des fers de lance du renouveau de la musique progressive), ce qui semble logique étant donné le lien de parenté et la filiation entretenus par Nad Sylvan avec la célèbre formation suédoise.
Tous les autres titres sont à l’avenant et s’échafaudent dans un mouvement complexe et une direction musicale des plus ambitieuses. Chaque musicien est parfaitement dans l’exécution des cette musique fourmillant de détails, et frisant souvent la perfection. Alors les détracteurs – car il y en a – diront que tout cela a déjà été fait mille fois, mais on s’en moque, tant Nad Sylvan et ses acolytes (do you remember « Voyage Of The Acolyte » ?) redonnent ici leurs lettres de noblesse à cette musique finalement hors du temps.
Le rock progressif au sens large du terme permet surtout à des chanteurs et à des musiciens de cette trempe de s’épanouir pleinement, et l’on redécouvre avec eux des territoires certes balisés, mais que l’on prend toujours beaucoup de plaisir à revisiter, surtout quand le résultat est aussi classieux à l’arrivée.
Très belle réussite donc que ce « Courting The Widow », qui plaira à coup sur aux plus rassasiés (et aux plus blasés) d’entre nous !
Daniel Sebon
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Excellent…. mais bon .. il est bien accompagné!!! un renouveau du prog rock ?
merci Mr HACKETT qui m’a gentillement invité à son concert de Quimper en 2013 et qui de surcroît m’a permis de rencontrer Nad et d’apprécier les qualités de chanteur et de compositeur…
Bravo Nad… Carry On !!