My Dying Bride – A Map Of All Our Failures
My Dying Bride
Peaceville
Débarquant à grand renfort de mélancolie ténébreuse sur nos platines laser avec un huitième album studio nourri au doom metal (style de prédilection du combo depuis 1999 et la sortie du fondateur « The Light At The End Of The World »), les excellents musiciens britanniques de My Dying Bride ont, trois années déjà après la sortie du très réussi « For Lies I Sire », frappé un sacré coup d’éclat en 2012 avec la publication de « A Map Of All Our Failures » sur leur fidèle label Peaceville (écurie, entre autres, des premiers Paradise Lost et Anathema). Classieux et mélancolique à souhait, cet opus déroule un tapis mélodique viscéralement spleenétique, au fil de neuf compositions de haute volée. Après avoir fait sonner le glas dès les premières mesures du titre d’ouverture « Kneel Till Doomsday », histoire de nous plonger d’entrée de jeu dans l’ambiance, la formation tisse une trame sonore froide, voire funéraire, ouvrant les portes des songes sur un paysage hivernal figé en continu.
Le ton est ici profond et grave et ce disque de Doom, avec un D majuscule, impose une marque indélébile grâce notamment au chant majoritairement clair et profond d’un Aaron Stainthorpe au sommet de sa forme, qui ne dédaigne pas certaines poussées death (notamment sur « A Tapestry Scorned » ou « Kneel Till Doomsday »). Avec le grand retour du violon de Shaun McGowan (par ailleurs claviériste de talent), qui atteint des sommets de désespoir sur « My Faults Are Your Rewards », et de la batterie puissante, singulière et vivante de Shaun Taylor-Stells, la formation imprime sa griffe.
Quant aux riffs de guitares sanglants d’Andrew Craighan, ils contribuent eux aussi notablement à la réussite majeure de l’ensemble. Feuilles mortes flottant au gré d’une brise profondément funéraire, les morceaux composés par My Dying Bride se nourrissent donc du dialogue éminemment étudié qui se (dé)structure au fil des notes et des émotions entre des vocaux sépulcraux et des parties instrumentales très cérébrales, cultivant savamment l’art des entrelacs arpégés et de la dissonance calibrée.
Au final, ce millésime 2012 exhale une beauté ténébreuse à laquelle il est bien difficile de ne pas succomber. Laissez-vous donc charmer (la rédaction ne fournit pas les antidépresseurs).
Bertrand Pourcheron (8/10)