Mogwai – Rave Tapes
Mogwai
Rock Action Records
Le nouveau Mogwai, il faut bien en dire deux mots. La scène indé l’acclame, forcément, mais c’est d’usage. Me concernant, cela fait un bon moment que je n’attends plus grand-chose des Ecossais, si ce n’est de trouver les albums manquants au rayon des occases, car c’est comme ça, mine de rien, que je me suis constitué la discographie. Mogwai, on en parle toujours plusieurs mois avant la sortie, un titre en écoute pour patienter, et l’album se retrouve en ligne quelques jours avant la sortie. Mais, au final, j’attends toujours ce qui ne vient pas, l’émotion brute, la sensation de déambuler, de rêver quelque-part. « Hardcore Will Never Die, But You Will », soyons clair, m’a fait chier (si on excepte « Music For A Forgotten Future (The Singing Mountain) » en bonus). « Les Revenants », au contraire, m’avait laissé penser que rien n’était encore perdu. Maintenant, voilà que déboule « Rave Tapes ». Soyons clair, ce ne sont pas les sonorités electro qui m’ont fait bondir, et encore moins surpris. Oui, « Rave Tapes » est plus synthétique et effectivement moins textural, les guitares étant bien en retrait, ce qui en soit n’est pas un mal. Je ne sais pas si on a affaire à une faute de goût ou à un problème de mixage, mais il faut avouer que la mayonnaise a du mal à prendre.
Quand j’écoute Mogwai dorénavant, je vais chercher immédiatement les imperfections qui voilent autant le champ de vision qu’un iceberg. C’est peut-être ça finalement, ne plus trop y croire en gros blasé. « Rave Tapes » n’inversera pas la donne, la faute à une mollesse ahurissante et une absence d’intensité. Plusieurs écoutes et rien n’y fait, ma première image qui vient, c’est la guimauve. Mais il contient, à ma grande surprise, quelques rares touches d’émotions. Ce petit quelque-chose que je n’explique pas vraiment non plus, qui m’a fait oublier où j’étais le temps de quelques minutes. Car, finalement, Mogwai n’a jamais chercher à évoluer, avouons-le. C’est à toi de choisir ton chemin, tes albums, ceux qui savent effleurer, toucher la petite boule grise des sentiments.
Sur « Rave Tapes », je ne parle pas de titres en particulier et je n’ai aucune envie d’en énumérer les « meilleurs ». Oui, on a bien le retour du vocoder (soit un truc vieux de plus de trente ans), des lignes de chant à la « Cody », ces quelques percées de guitares, toujours amorphes… Un comble. Bon, et après ça ? Il y a des moments où tu déconnectes de la réalité, des moments qui n’apportent rien, où on peine à discerner une évolution, comme quoi Mogwai reste prisonnier de son image post-rock un peu timide.
« Rave Tapes », au final, c’est une belle entrée et un final qui empêche de dire que les Ecossais n’ont plus rien à faire et qu’ils arriveront toujours à me faire dépenser quelques euros pour avoir l’objet. Sinon, au milieu, c’est le plat. Quelque-part, c’est un peu morose. Ma première déception de l’année 2014. Triste…
Jérémy Urbain (6/10)