Millencolin – True Brew
Millencolin
Epitaph Records
En Avril 2015 sortait True Brew, le nouvel opus du groupe de Punk-Rock Millencolin, les plus californiens des Suédois. Peu convaincu par Machine 15, leur précèdent album, j’enclenche la lecture avec, je dois l’avouer, un peu de réticence. La chanson d’ouverture « Egocentric Man » annonce de belles choses. Le riff de Mathias est simple mais accrocheur rappelant les heures de gloire du groupe. La voix de Nikola Sarcevic reste toujours aussi percutante et évidemment les chœurs mélodiques sont bien présents. Mais c’est à partir de la deuxième chanson « Chameleon » que tout se déclenche : moi aussi je change de peau, je retrouve celle, plus grasse, de mon adolescence. Je me revois marcher dans les couloirs du lycée un badge « Anarchie » cousu sur mon sac à dos, mon skateboard sous le bras et Pennybridge Pioneers dans les oreilles.
D’ailleurs c’est décidé, je m’en vais de ce pas, rider la descente en bas de chez moi. Je dépoussière ma vieille planche Blind et je m’élance. Sous l’air de « Bring Me Home », je me tiens droit sur mon skate, mon bide de bière pointant fièrement vers l’avant telle la proue d’un navire du quinzième siècle partant à la découverte du nouveau monde. Je redécouvre avec plaisir la sensation du vent dans les cheveux et, nouveauté, dans la barbe aussi. Au fur et à mesure que ma vitesse s’accélère, j’écarte les bras et ferme les yeux tandis que résonne la chanson éponyme « True Brew » dans mon baladeur.
Je me sens comme Michelangelo ayant achevé David avec ses Nunchakus. C’est la perfection. Je plane. Mais apparemment, comme le dit le titre suivant : « Perfection Is Boring/la perfection est ennuyeuse » et le destin a l’air assez d’accord à ce sujet. Un caillou se coince dans ma roue freinant d’un seul coup ma descente et mon enthousiasme. L’adrénaline ralentit le temps, je plane…
Avant de heurter le sol avec violence. Le rythme de l’album, lui, ne faiblit pas, oscillant entre le softcore et le mid-tempo si cher à Millencolin. Je me relève, attrape ma planche et rentre chez moi en boitant comme une tortue qui n’a plus rien de Ninja tandis que la chanson « Believe In John » conclut cet opus réussi.
Si on assiste à une véritable renaissance pour Millencolin, moi, J’ai mal partout, je me sens vieux et misérable. Mais je m’en fous, car grâce à True Brew, l’espace d’un instant, j’ai oublié les soucis, les collègues de bureau, les impôts et ce monde impossible. Oui l’espace d’un instant j’ai eu 15 ans et ça fait du bien !
Pascal Sain
[responsive_vid]