Mike Tramp – Maybe Tomorrow

Maybe Tomorrow
Mike Tramp
Target Records
2017

Mike Tramp – Maybe Tomorrow

Mike Tramp - Maybe Tomorrow

Mike Tramp ! Pour qui me connaît un peu, il est évident que la sortie d’un nouvel album du musicien danois va immanquablement attirer mon attention. Fan de White Lion, mais également de Freak Of Nature, j’ai par la suite suivi la carrière solo de Mike (amorcée en 1996) avec intérêt et affection, malgré sa perte d’audience par rapport aux grandes heures du Lion Blanc. Considération irrationnelle s’il en est, Mike Tramp est un de mes chanteurs préférés, tous styles musicaux confondus. Et si l’on en croit la chronique du précédent album, Museum, par l’ami Christophe Gigon, je ne suis peut-être pas le seul ! Et pour avoir vu l’animal deux fois sur scène (White Lion, avec rien moins que Mr. Big en première partie, tout seul à la guitare acoustique en première partie de Beth Hart), cet amour inconditionnel ne fait que se renforcer à chacune de ses productions. Oh, bien entendu, Mike Tramp ne révolutionne rien. Bien loin des prestations cheveux au vent d’un White Lion hard rock légèrement glam, le natif de Copenhague (nous sommes d’ailleurs nés la même année, lui et moi) est revenu à ce qui l’a amené à quitter son Danemark natal : un amour de la musique américaine, de ces chansons qu’on écoute en rêvant des grands espaces étatsuniens, coincé entre les monuments historiques et les banlieues hystériques des villes européennes…

Maybe Tomorrow est encore un de ces albums qui transpirent la sincérité et la maturité de leur compositeur. Tramp y met ses tripes, cela ne trompe personne, à part, peut-être Donald et Trump, ces icônes aux deux extrémités de la pseudo-postmodernité, l’une comique, l’autre tragique (à moins que ce ne soit le contraire). Mike, avec l’âge, s’est musicalement rapproché de ses idoles et amis : Bruce Springsteen, en décrivant des scènes simples de la vie moderne et des sentiments humains, Bob Dylan, en distillant une lueur poétique dans ses textes, Phil Lynott, par l’accord fusionnel entre la musicalité et le phrasé des chansons, mais encore les Johnny Cash, Tom Petty, voire même un certain Jon Bon Jovi. Dylan et Lynott, il s’en est d’ailleurs fait graver les portraits sur la peau. De même, l’aîné de ses trois enfants, qui l’accompagne dès que possible en tournée, se prénomme Dylan… Mais Tramp n’est pas un imitateur, il a largement passé ce cap. Et puis, ces nouvelles chansons sont-elles si éloignées que ça de celles de White Lion, prouvant par là qu’il y a un style et une patte de notre félin. Tramp est Tramp (comme Dylan is Dylan, vous voyez), il est ce gars qui enfile son vieux jean le matin, aime à bricoler sa bécane ou à fendre du bois dans la neige. Il est ce type qui a eu la gloire, qui a encore des espoirs, qui a pris des coups et qui a souvent un regard attristé sur le monde tel qu’il est. Mike Tramp, c’est la face éclairée de Michael Trempeneau (son nom pour l’état civil)…

Mike Tramp - Band

Maybe Tomorrow, c’est aussi la marque d’une longue complicité avec le guitariste et producteur Søren Andersen (le même qui est sur le dernier album de Glenn Hughes, Resonate). Autant vous dire que l’album est produit et arrangé aux petits oignons. Point de démonstrations inutiles, juste ce qu’il faut de petits soli (celui de « Maybe Tomorrow » est jouissif), d’orgue Hammond, de piano et de chœurs pour accompagner les dix superbes compositions (la plupart du temps à la guitare acoustique), la Telecaster et la voix, cette voix… De la ballade introductive « Coming Home » au slow tempo final et éponyme, Maybe Tomorrow égrène ses petites histoires, entre autobiographie et gazettes quotidiennes de John et Jane Doe. Mike y pose toujours cette magnifique voix qui, si elle n’est plus tout à fait celle de l’époque de White Lion, a gagné en épaisseur, en grain et en émotivité (écoutez le magnifique « Time And Place » ou encore « Spring »). Il y a belle lurette qu’il a gagné ses galons de compositeur et de chanteur, gardant ce côté rock and roots qui lui sied à merveille (« It’s Not How We Do It », « Rust And Dust », « Why Even Worry At All »). Sans parler des refrains qui vous restent dans le cerveau et entre les lèvres (« Would I Lie To You », « Leaving One Day », « What More Can I Say »).

L’air de rien, Maybe Tomorrow est un disque plus qu’attachant, même s’il fait partie de ces albums qui ne franchiront ni le Rubicon du mainstream ambiant ni le Styx du prétendu intellectualisme musical. C’est dommage pour son auteur, mais c’est un bien précieux que garderont jalousement ceux qui croient, comme moi, que la sincérité est parmi les biens les plus inestimables qui puissent encore exister dans la musique populaire, pour peu qu’elle soit tout sauf de la musak. Ne serait-ce pas pour toutes ces raisons que les musiciens qui l’accompagnent actuellement pour promouvoir l’album ont hérité du vocable de « Band Of Brothers » ?

Henri Vaugrand

http://miketramp.dk/

https://miketrampus.bandcamp.com/album/maybe-tomorrow

https://fr-fr.facebook.com/MikeTrampOfficial/

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