Melvins – Nude With Boots
Melvins
Ipepac Recordings
Dans la catégorie des albums qui butent leur percepteur d’impôts, celui-là est dans le haut du panier. Non, non, impossible de dire le contraire. Pour qualifier ce disque, je ne peux utiliser qu’un mot. « Nude With Boots » poutre. Il renverse la fondue savoyarde, fait tomber le portrait du grand oncle militaire de la cheminée et ranime le feu de camp. Il POU-TRE ! Je n’arrive d’ailleurs pas à sortir un titre en particulier, ils explosent tous le potentiomètre de saveurs et d’excitation. Le martèlement des deux castagneurs de fûts coulerait le Titanic une deuxième fois. Le son, inévitablement puissant, ramène à l’âge d’or du rock indé des années 90 (un p’tit air « Stoner Witch »/ »Stag » ?). Vous savez bien, cette sonorité crue qui éclabousse le lino tout en restant distincte, sans avoir cette tache synthétique impossible à enlever en machine. « Nude With Boots », c’est tout ça, éparpillé et jeté à la tronche, passant du coq à l’âne, prenant son temps ou pas sur les dix titres du disque. Du punk coqué, du sludge « Houdinesque », du drone pachydermique, des riffs ronds comme une boule de billard, du blasphème débile et pervers, à écouter en boucle, sur « Dies Iraea » mais aussi… de l’expérience, de la bouteille, une bière belge ayant forgé son caractère en abbaye. Une euphorie consommée et réfléchie. Raisonnable ? Sérieux ! Naaaannnn… Une pointe seventies qui se répercute jusqu’à la coiffure de Buzz, cauchemar de Jacques Dessange. Et c’est pour ça que la mixture ne colle pas au fond. On ressort gargarisé, on se fout de qui, de quoi, Melvins éclate la citrouille, arbore des pectoraux bedonnants, toujours avec chic et sarcasme. Le sludge, le drone ? Melvins s’en tape, il te fait du neuf avec du vieux d’il y a 25 ans et t’as l’impression que ça vient de sortir. La classe Melvins, ça se prend, c’est sans ordonnance, sain, ça tape, ça groove, ça poutre…
Jérémy Urbain (9/10)