Mark Knopfler – Tracker
Mercury
2015
Olivier Dominici
« Tracker » est le huitième et nouvel opus du sultan écossais, qui swingue avec des compositions se bonifiant au fil des écoutes. Car il faut savoir prendre son temps pour apprécier les bonnes choses, comme on saurait savourer un bon whisky ! Mark Knopfler, pour l’année 2015, nous offre donc « Tracker » avec ses onze morceaux (seize pour l’édition « Deluxe »), ainsi qu’une tournée européenne et américaine (dont quatre dates en France). A tous ceux qui attendent chaque nouvel album du guitariste comme un revival sonore aux ambiances Dire Straits, et bien désolé pour eux ! Eh oui, Mister Knopfler affirme et confirme son assise dans sa carrière en solitaire. Et on sent bien que l’homme, en totale plénitude, prend un plaisir sincère dans ce large panel de couleurs, avec son éventail de musiciens, pour nous délivrer un lot de compositions inspirées et métissés de folk/country aux teintes celtiques. Une inspiration qui se fera ici un peu plus sous une influence « Dylanienne », pas étonnant quand on sait que les deux légendes ont partagé l’affiche de la prestigieuse tournée « Never Ending Tour », pour la période 2011-2012, et que Mark & Bob n’en sont pas à leur première collaboration. En effet, quelques plans de guitare ont déjà résonné sur plusieurs albums du « Zim » (« Slow Train Coming » en 1979, « Infidels » en 1983 et « Down In The Groove » en 1988).
Le disque qui nous intéresse ici s’est constitué à partir de textes que la vie inspire à son auteur. On y croise par exemple un hommage assez marquant au regretté J.J. Cale avec « Broken Bones ». Côté musique et casting, Nigel Hitchcock s’illustre au saxophone sur deux morceaux, avec autant de finesse qu’à la belle époque où Mark avait toujours son fameux bandeau autour de la tête. L’accordéon de Phil Cunningham apparaît quant à lui à trois reprises dans l’album, et on remarquera tout particulièrement sa présence exquise sur « Mighty Man ».
L’atmosphère de « Beryl » sonne volontairement comme sur le tout premier opus de Dire Straits au titre éponyme (tiens, en voilà au moins un !). « Lights Of Taormina » s’éclaire aussi joliment que cette ville de Sicile, au son du bottleneck glissant sur les cordes du Guitar Hero. Quant à « Basil », on l’ajoutera tout simplement à la liste des plus belles balades de son registre solo depuis 1996. Signalons également la jolie voix de Ruth Moody (du groupe folk canadien The Wailin’ Jennys) en contrepoint de celle de Mark Knopfler sur quelques morceaux, avec en point d’orgue un remarquable duo sur le magnifique « Wherever I Go » qui vient clôturer l’album.
Monsieur Mark Knopfler, officier de l’Ordre de l’Empire Britannique, producteur pour certains grands noms de la musique pop (Bob Dylan, Randy Newman…), collaborateur pour beaucoup d’autres et surtout songwriter de grand talent, nous offre là une part de son Shangri-La, doublé d’un moment de quiétude auditive au raffinement extrême.
Concert génial comme a chaque fois ! Bravo et on en redemande encore et encore
Très bel album. Merci pour la chronique, Olivier.