Marek Malinowski Quartet – Alone
Marek Malinowski Quartet
Requiem Records
Originaire de Bydgoszcz en Pologne, le guitariste Marek Malinowski est à la musique ce que son compatriote Zdzisław Beksiński était à la peinture. Il donne en effet « vie » en musique à des paysages d’une grande « désolation ». Partageant l’écurie Requiem Records, avec d’autres poulains tous plus originaux les uns que les autres, c’est une célébration de l’hiver approchant (l’album a été enregistré à l’automne 2014) qui nous accueille à bras ouverts. En effet, pour ce premier effort en quatuor, la couverture plante d’emblée le décor : c’est un univers rigoureux et austère qui nous attend. Là où la trompette soyeuse nous plonge dans un film noir avec toute la tension qui en découle, c’est en revanche vers la liberté qu’offrent les grands espaces à perte de vue que nous transportent les notes funambules de la guitare de Marek. Même si une certaine ligne austère héritée de l’école ECM se dégage de cet « Alone », et en particulier du Jan Garbarek Group (comment ne pas penser à Bill Frisell dans le retranchement introspectif de la guitare, et à Jon Christensen dans les hésitations de la batterie), on sera néanmoins surpris par la tournure pop que donne la frappe linéaire de la batterie à « That Cold Day In The Park », d’autant plus que le titre suggère une approche plus mélancolique. De même, si « Winter Song » reste dans cette rigueur hivernale que le quatuor s’est donné pour objectif de suivre, le refrain anthémique à la trompette (plus proche d‘une pimpance baroque que de l’accompagnement sonore d’un film noir) et le final à l’enthousiasme débordant, contrastent à nouveau avec le titre. Mais ces ouvertures estivales ne défigurent en rien le propos hivernal de nos quatre garçons. La surprise n’est d’ailleurs-t-elle pas ce que l’on recherche dans la musique ? Ne cherchez donc pas plus loin, si vous avez adoré les productions riches en émotion du Jan Garbarek Group et de Kenny Wheeler, le Marek Malinowski Quartet vous comblera de bonheur, tout en entretenant ce spleen qui nous fait tant aimer les musiques « tristes ».
Lucas Biela