Live report Natacha Atlas + Elektre au Tamanoir de Gennevilliers le 28 mars 2025

Live report Natacha Atlas + Elektre au Tamanoir de Gennevilliers le 28 mars 2025
Natacha Atlas
2025
Lucas Biela

Live report Natacha Atlas + Elektre au Tamanoir de Gennevilliers le 28 mars 2025

Live report Natacha Atlas

En tournée en France pour défendre son nouvel album Parallel Universe, l’ex-Transglobal Underground Natacha Atlas pose d’abord ses valises à Gennevilliers. Mais avant de goûter à son repas orientalisant, c’est un trio nommé Elektre qui sert le hors-d’œuvre. Notre première partie a jeté son dévolu sur le rébétiko, une musique apparue dans les années 1920 dans les tavernes des villes portuaires grecques. Ainsi, le bouzouki d’Amaury en apporte la lumière, et les cuillers de Maïlys le rythme. De même, la suavité du chant principal et la douleur des chœurs rendent la complicité entre la percussionniste/chanteuse et sa partenaire Monika si touchante. Quel régal quand les belles harmonies vocales de cette dernière font rencontrer mélancolie et optimisme. Ce sont également les thèmes abordés qui nous promènent à travers le pays hellénique. Ainsi, quand il est question de cette femme qui se met à consommer de la cocaïne après s’être éprise d’un voyou, c’est tout le côté subversif du rébétiko qui ressort. Bien que l’instrument d’Amaury prenne dans cette pièce des intonations plus introspectives, le chant passionné y présente de somptueuses arabesques enivrantes. De même, alors que Maïlys relate son enfance sur une île grecque, la prudence cède à l’assurance. En effet, à l’attente de l’introduction répond l’enjouement des refrains. Galvanisée par un bouzouki éblouissant et des cuillers émoustillées, la voix nous emporte alors dans une valse solaire.

Très attachés à la tradition, on verra les trois acolytes non seulement lever leur verre, mais aussi agiter des foulards dans les célébrations du paniyiri, une fête de village. A l’occasion de cette dernière, le bouzoukiste troque même son instrument contre sa voix, portant les accents nonchalants de Jacques Dutronc. Les festivités nous amènent tout naturellement à la danse. Le public est notamment initié à une sorte de farandole que le trio n’espérait pas possible du fait de la promiscuité. Certes, comme évoqué, les codes du rébétiko sont respectés. Mais nos vedettes aiment vivre avec leur temps. C’est ainsi que des machines entrent en jeu. Orientalisantes quand il faut souligner les ondulations des mouvements, leurs sonorités peuvent prendre des couleurs plus sombres quand il s’agit d’évoquer le milieu encanaillé des rivages de la mer Egée. Les influences du r’n’b actuel se mêlent alors au chant traditionnel et, suivant les moments, rendent le propos convivial ou hostile. Avec passion et interactivité, Elektre créent sur scène un pont entre le passé et le présent. Ils perpétuent par là même une tradition instaurée par des migrants issus de l’Empire Ottoman.

Live report Natacha Atlas Band 1

Sur des rythmes chaloupés, Natacha Atlas pose une voix aux arabesques émouvantes. Dans les modulations saisissantes de son chant, la peine peut se lire. Le violon s’attendrit alors pour tenter de panser les plaies. Mais la versatilité de notre anglo-égyptienne lui permet de porter également l’espoir. Ainsi, quand il est question de « rêver des jours meilleurs », un certain étonnement l’envahit, comme si elle s’émerveillait des premiers jours du printemps. Et cet état d’esprit est partagé. Batterie sautillante, synthés bouillonnants, violon tout ému : que de surprise chez les amis de notre chanteuse. Dans les moments les plus sombres, claviers et cordes se serrent les coudes pour affronter les épreuves. Ainsi, face aux éléments « extérieurs », alors que le maître du temps avance d’un pas funk conquérant, les frères d’arme impulsent l’ambiance inquiétante d’un thriller haletant. Ailleurs, sur fond électro/jazz intrigant, l’angoisse se poursuit mais dans des tons plus aériens. En effet, les belles boucles cosmiques et les appels plaintifs à la L. Shankar nous emmènent loin dans l’espace. En revanche, sous le ciel obscurci de la Palestine, les cordes dissonantes et les claviers désolés suscitent bien entendu l’effroi. Par ailleurs, quand ce n’est pas le violon, c’est la voix de Samy Bishai qui vient consoler sa compagne. Ainsi quand l’ancienne collaboratrice de Peter Gabriel s’agrippe à la cadence balancée dans ses scansions rythmées, la voix grave et comme passée sous vocoder du violoniste soutient ses efforts. Apprentis jongleurs, les claviers en profitent pour créer de beaux clair-obscurs à travers des notes tour à tour chaleureuses et glaciales. Natacha s’en voit amusée et propose en retour de magnifiques vocalises emportées.

Live report Natacha Atlas Band 2

Dans le rappel, avant que « l’amie la rose » ne perde toutes ses pétales, les claviers nous donnent le vertige. En effet, par leur côté ténébreux c’est l’immensité vertigineuse de l’espace qui est mise en avant. A l’inverse, quand la palette de couleurs s’enrichit, nous est alors dépeinte la beauté du monde. Pour faire écho au passage du temps, c’est même un vortex tourbillonnant qui prend le relais. Que ce soit dans le monde qui nous entoure ou à la recherche d’univers parallèles, Natacha Atlas et ses compères ont mis les petits plats dans les grands le soir du 28 mars 2025.

https://www.natachaatlasofficial.com/

 

2 commentaires

  • alain

    Très beau compte-rendu qui rend bien compte de l’ambiance à ce double concert auquel le public, trop peu nombreux à mon goût, pour une telle affiche, a pu participer pleinement et a pu en prendre plein les mirettes et les esgourdes. Très longue vie au Tamanoir!

    • Lucas Biela

      Merci Alain ! Oui, avec cette soirée, je mettais les pieds pour la première fois au Tamanoir : c’est une salle à échelle humaine avec une belle acoustique. Effectivement, peu de monde, et encore moins pour la tête d’affiche (les collégiens présents pendant la première partie n’étaient plus là pour Natacha Atlas).

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