Live report Kicca et Oscar Marchioni, au Son de la Terre, Paris, le 13 mai 2025
2025
Lucas Biela
Live report Kicca et Oscar Marchioni, au Son de la Terre, Paris, le 13 mai 2025
Quand elle annonce que « ça va tanguer » sur des chansons parlant de liberté, Kicca ne se trompe pas. D’emblée, en effet, avec un morceau qui swingue, c’est un piano guilleret et une voix envoûtante au petit grain rauque qui nous emportent dans un univers pétillant.
Les solos de piano enflammés d’Oscar Marchioni contrastant avec la voix tremblante des choristes finissent par consteller nos yeux. Et ce feu sera entretenu quand Kicca scande « I will Be On Fire », presque en écho aux notes incandescentes de claviers. Mais c’est la surprise quand nous est alors servi un chant aux tonalités urbaines r’n’b presque rappées.
Nous ne sommes pas au bout de notre étonnement quand, dans les chœurs, à l’attendrissement soul succède l’énergie scat. Plus loin, quel bouleversement quand l’Italienne délivre un chant passionné, entre plainte et espoir, soutenu dans ses épreuves par les chœurs berçants. Et nous voilà à nouveau pris au dépourvu quand une voix hallucinée à la Nina Hagen (comparaison renforcée par l’écarquillement des yeux) annonce en avoir assez. C’est bientôt un épanchement de vitalité auquel on assiste, à la manière de la lave débordant d’un volcan en pleine éruption. Les « ouh ouh » pleins de surprise des choristes appuient même la colère de la jeune femme. En revanche, dans des tons soul, quand Kicca crie sa douleur et ses peines, les choristes s’évertuent à la consoler. De même, quand elle est prise d’une fièvre d’excitation, on voit ses amies tenter de faire retomber la température. Et dans ce moment où la jeune femme espérait entendre les « voix magnifiques » du public, nous voilà ébouriffés par un chant habité où suavité se conjugue avec fermeté. Le piano, plein de malice, est d’ailleurs tout autant habité. Toujours entre gravité et relâchement, cet instrument ne cesse de nous émerveiller. Tantôt, on le voit débouler tel un train virtuose sur les rails de la mélodie. Telle la lumière traversant un prisme, de belles couleurs ressortent alors. Et quand des précipitations tombent abondamment, comme sur le survitaminé « Stop And Go », il y a de quoi être bouche bée. D’autre part, c’est un air pensif qui nous fait découvrir de belles contrées certes inexplorées mais hostiles, notamment à travers des tons plus circonspects.
En maîtresse des émotions, Kicca revêt ses compositions aussi bien d’un vernis lacrymal que d’une couche dynamique. Mais c’est une ambiance embrumée de cabaret noir qu’elle installe quand elle nous invite à prendre un « dernier café ». Il ne manquait plus que les chapeaux et la fumée dans la salle pour que l’illusion soit parfaite. Ainsi, entre énergie et émotion, la musique de Kicca et d’Oscar Marchioni croque la vie à pleines dents, sans oublier d’en dépeindre les moments plus difficiles.