Latte E Miele – Passio Secundum Matthaeum : The Complete Work
Latte E Miele
Black Widow Records
Créé en 1971 dans la région de Gênes par le guitariste, bassiste et chanteur Giancarlo Marcello Dellacasa avec le très jeune batteur/chanteur/flûtiste Alfio Vitanza (à peine seize ans à l’époque !) et avec le claviériste et chanteur Oliviero Lacagnina, Latte E Miele est, pour les étourdis l’ignorant encore, un des groupes phares de la scène progressive italienne des années 1970. Génitrice de neuf opus depuis ses débuts (dont nous retiendrons en particulier les excellents « Papillon » en 1973 et « Aquile E Scoiattoli » en 1976), la formation nous propose aujourd’hui une magnifique version revisitée de fond en comble de son premier album culte publié en 1972 et intitulé « Passio Secundum Matthaeum » (d’après le patronyme d’une célèbre pièce de musique classique signée par Jean Sébastien Bach). Si la démarche peut sembler de prime abord un tant soit peu rétrograde et spéculative, le résultat final s’avère pleinement digne d’intérêt et nous dévoile tout un pan, jusqu’alors en partie occulté, de l’école transalpine de l’âge d’or. Après vingt ans de silence, on retrouve ici avec bonheur un Latte E Miele en pleine forme, réuni autour de son trio originel exceptionnellement reformé en 2011 pour une série de concerts d’anthologie au Japon, et épaulé par une pléthore de guest stars de talent.
Sur les dix neuf chansons de fort belle qualité gravées sur ce CD aussi inattendu qu’inespéré, se succèdent avec brio des ballades évanescentes qui font la part belle à un piano acoustique cristallin et à une guitare unplugged, discrètement soutenus par de subtils arrangements vocaux et de discrètes influences orientales (le divin morceau d’ouverture « Introduzione »). Ces pièces nostalgiques (« Il Giorno Degli Azzimi », aux superbes parties récitées, ou encore « Il Pane E Il Sangue Dell’Alleanza », au contre-chant féminin suave et feutré) s’effacent parfois au profit de quelques débords plus pêchus évoquant des combos de la pointure de De De Lind ou encore Semiramis. Citons, à titre d’exemple, les remarquables « Getzemani », « Il Rinnegamento Di Pietro » ou encore « Il Rei Dei Giudei », au solo de six-cordes ma foi assez exceptionnel.
Parmi les autres influences majeures, l’on retiendra le glorieux Fabrizio De Andre de « La Buona Novella », la musique religieuse et quelques séquences dignes du Santana de « Caravanserai ». On ne trouve, dans tous les cas de figure, nulle trace d’un quelconque héroïsme démonstratif : les mélodies, désormais habillées de fond en comble par des chœurs magiques dignes du grand Therion (et, oui, on ne se mouche pas du coude…), sont en effet au diapason de textes introspectifs et religieux ma foi fort joliment écrits.
Pour résumer la situation, imaginez donc la rencontre au sommet entre QVL, Reale Academia Di Musica et Campo Di Marte. « Passio Secundum Matthaeum : The Complete Work » s’impose de ce fait comme une œuvre sincère, qui respecte parfaitement sa devancière et qui se situe à des centaines d’années lumières du trip progressif intellectualiste et torturé dont se régalent hélas de nombreux ayatollahs progressifs. Magnifique !
Bertrand Pourcheron (9/10)
GRANDE! CE GROUPE A TOUJOURS AIMÉ ET MOI CE ne fait pas exception!
Predo 🙂 Latte E Miele was one of the best symphonic band in Italy during the 70s and, after the live album in Japan in 2011, this new version of « Passio Secundum Matthaeum » is a real
masterpiece !
Kindest regards,
Bertrand