Lamine Cissokho – Kora + 1
Sing A Song Fighter
2017
Lamine Cissokho, c’est un joueur de kora dont je vous avais invité à découvrir le profil et l’instrument de prédilection dans ma chronique du lumineux Sama Tilo.
Pour son troisième opus, l’artiste/compositeur a limité l’accompagnement tout en multipliant les intervenants. « Mais, Lucas, tu te contredis là ? », me ferez-vous remarquer. « Non, pas du tout », vous rétorquerai-je. Certes, d’un côté, chaque morceau est arrangé pour deux instruments. Mais de l’autre, chacun de ces morceaux voit notre joueur de kora accompagné d’un artiste différent (chacun des « + 1 » annoncé dans le titre de l’album). Cela permet, d’une part, de mettre en lumière les couleurs locales de cet instrument imposant, et de l’autre, de le présenter sous d’autres projecteurs. C’est ainsi que dans un dialogue de koras ou au rythme des percussions, c’est le soleil de son Sénégal natal qui nous éblouit. À l’inverse, quand le synthétiseur résonne, c’est le spleen des cieux couverts de sa Suède d’adoption qui nous saisit. Ce contraste est d’autant plus étonnant que les pièces sont toutes associées à la région qui a vu grandir notre « kora hero ». Par ailleurs, on ne peut s’empêcher de penser à la disparition récente de l’ambassadeur malgache du « piano du pauvre », Régis Gizavo, à l’écoute de cet accordéon où s’affrontent le feu et la glace en introduction d’un album certes aride dans l’instrumentation, mais fertile dans les compositions.
Ainsi, Lamine Cissokho continue à présenter avec brio les multiples facettes d’un instrument opulent de corps mais humble de cœur, en nous plongeant dans un univers sonore qui reste fidèle à la tradition tout en multipliant les aventures avec d’autres cultures.
Lucas Biela
http://laminecissokho.net/