Le CICM investi la Chapelle du Carmel à Saint-Denis (93) à l’occasion de la « Nuit des Musées 2012 »
« 8ème Nuit des Musées » le samedi 19 mai 2012 avec le CICM, dans la Chapelle du Carmel au Musée d’art et d’Histoire de la Ville de Saint-Denis (93)
En cette occasion de la Nuit des Musées, la Chapelle du Carmel fut investie par le CICM (Centre de Recherche en Informatique et Création Musicale). Sous la direction d’Anne Sèdes accompagnée de cinq étudiants, c’est armé d’ordinateurs à la pomme que le lieu fut envahi par ces sonorités venues d’ailleurs, l’espace d’une heure et de six compositions. Petit topo.
Marc Billon – « Flicker Music » (2012)
Ce que je trouve personnellement rebutant dans les concerts d’électroacoustique, c’est le manque d’improvisation de la part des compositeurs. Non pas que cela soit particulièrement dérangeant. N’est-on pas là pour l’écoute uniquement et la spatialisation des sons ? C’est le fait que la composition finie empêche toute liberté, l’aimable compositeur faisant son possible pour que l’ensemble de la lecture se passe bien. Ceci est fort dommage pour Marc Billon où son logiciel plantera deux fois, stoppant du même coup l’écoute. Un peu ballot, surtout que la composition ici présentée, faisant beaucoup penser à du Thomas Köner (comprenez par là drones isolationnistes et basses telluriques), ne pouvant souffrir d’un problème technique. Difficile dans ce cas d’entrer dans le morceau.
Carlos López Charles – « Apprenti Sorcier » (2012)
Apprenti Sorcier fut, personnellement, un des points forts de cette série de concerts. Sonorités qui n’auraient pas dépareillés sur un Autechre période Lp 5 avec quelques belles décharges électroniques, ponctuant ici et là un ensemble aux rythmes complexes virant à l’abstraction. Une pulsation sortie de ces filtres fera apparition, faisant gagner en intensité ce qu’il perdra en immersion.
Martin Maugeais – « Cérémonie » (2012)
La pièce typique qui demande concentration, immersion et ouverture. La pièce qui demande à l’auditeur de venir vers la composition et non l’inverse. Un titre minimaliste se résumant en un drone évolutif faisant penser à du Charlemagne Palestine sur laptop avec logo pomme. Assez hypnotique, cette composition à la structure on ne peut plus casse-gueule réussira son pari de nous faire quitter le plancher des vaches pendant dix minutes.
Guilherme Carvalho – » Premier Nombre Premier » (2012, création)
Un travail prenant pour base ici la voix, sa tonalité, son timbre. Tour à tour manipulée, accélérée, ralentie, s’imbriquant sous différents filtres. Un bon travail d’école où la spatialisation fut ressentie à sa juste mesure (rien de telle que plusieurs voix qui s’enchevêtrent pour arriver à cet effet).
Anne Sèdes – « Electrified Out Of The Coma » (2011)
Directrice de recherche du CICM, Anne Sèdes était toute acquise à la chapelle n’étant pas à sa première intervention électroacoustique. Une pièce, très Raster Noton dans l’esprit, à base de cliquetis et autres glitchs calés au millimètre près pour un ensemble faisant penser fortement à du Alva Noto ou du Scanner (Martin Rimbaud), distillant à certains moments une intensité toute électrique.
Benoit Courribet – « Leftover » (2012, création)
Pour cette dernière intervention j’en attendais un peu plus. Leftover ne me fit rien ressentir mis à part le jeu (tout à fait personnel et inutile) d’identifier les sources sonores utilisées. C’est peu je sais, d’autant plus dommage que le compositeur avait l’effort de ne pas avoir regardé son écran tout le long de la lecture.
Jérémy Urbain