Kvelertak – Meir
Kvelertak
Roadrunner/Cargo Records
C’est toujours avec une magnifique pochette (signée John Baizley) et décalée au possible que nous reviennent les Norvégiens poilus de Kvelertak. Leur premier album éponyme m’avait personnellement laissé plus qu’une bonne impression, jusqu’ à faire le mariol sur la plage, exhibant ma bedaine sur mes tatouages (à moins que ce soit l’inverse). Autant dire que l’arrivée du nouveau pack « Meir » avait de quoi attiser ma pilosité. Autant le contact est plus que direct au point qu’on croit parler couramment le norvégien (le top de la coolitude), autant le contenant ravira les mélomanes qu’il perdra, en partie, son efficacité première. Kvelertak aime bien combiner comme on mélange la bière avec le vin et la vodka. Le hardcore, le punk, le rock, le roll, le black, une belle partouze des familles, festive et vigoureuse, qui amène sourire benêt et une forte envie irrépressible de sauter au plafond à se péter le carafon. Oui, c’est toujours aussi peu fin et en même temps toujours sur le fil, de peur de se crouter sévère au premier virage.
Toute l’adéquation et la réussite de Kvelertak tient dans cet amalgame déglingué à faire copuler fiévreusement le black à la Darkthrone avec des accents, voire des pans entiers, des Clash, Sex Pistols ou Iron Maiden dans ce joyeux foutoir de bonne maman (recherchez l’ordre). Il n’y a pas à dire, ça le fait toujours autant ! Cependant, car il y a un mais, on ne retrouve jamais le décapage de turbine du précédent opus si ce n’est l’envie pressante d’en découdre, et une énergie punk à foutre une érection de taureau à un lama sous anxiolytiques. J’ai beau écouter, certains titres apparaissent pour mieux disparaitre et ne laisseront qu’un infime souvenir dans le cerveau embrumé de toi, charmant lecteur et néanmoins auditeur potentiel.
Allons, rien n’est à jeter finalement, mais le doute que le disque restera dans la voiture le temps d’un aller simple vers la plage, où ce putain de soleil arrive enfin, restera. Car le problème ne vient pas de la finesse, le groupe n’en fera jamais usage. Et certains passages sont vraiment fendards (ah, ce petit moment à la Guns N’ Roses impec et placé au poil près). Le soucis ne vient pas de la pêche parce non plus, car il n’y a là plus rien à prouver. Il manque juste l’accroche, le truc vraiment aberrant qui devient simple comme un bonjour au facteur, et c’est ce qui m’empêche d’être en adhésion à 130% avec « Meir », alors que la coquine a tout pour me plaire.
Allez, disons à 80% mes agneaux ! Au final, et pour faire au plus simple, « Meir » reste un album qui décape du pantacourt et qui arrache en live, mais à qui il manque, seulement, un petit côté revendicateur qui provoquerait une adhérence parfaite sur la route.
Jérémy Urbain (7/10)