Kotebel – Concerto For Piano And Electric Ensemble
Kotebel
Musea
Kotebel est tout d’abord un projet personnel, puis une formation musicale à part entière qui voit le jour à Madrid en 1999, à l’initiative du pianiste et compositeur vénézuélien Carlos Plaza. L’artiste a bénéficié d’une solide formation classique, qui a fait de lui un passionné des plus grands créateurs de musiques orchestrales, tout particulièrement ceux de la période romantique, en passant par les chefs de file de la musique moderne dite « impressionniste » (Claude Debussy et Maurice Ravel en tête), jusqu’à Olivier Messiaen et son style davantage contemporain. Carlos Plaza est aussi, génération oblige, un grand fanatique des géants du progressif symphonique des années 70, avec en premier lieu Yes, Emerson Lake & Palmer ou King Crimson, sans oublier l’incontournable Genesis et son claviériste Tony Banks, considéré par le vénézuélien comme une sorte de mentor à part entière (tiens, on se demande bien pourquoi !) Kotebel, dont la formule initiale est un quartet qui évoluera au gré du temps et des projets, publie son premier album en 1999, une œuvre en demi-teinte qui n’est pas sans rappeler le style des anglais de The Enid (eux aussi très fortement empreints d’influences classiques), parsemée de quelques petites touches jazz-rock ici et là.
C’est pour ma part en 2002 que je découvre le groupe madrilain, avec la parution sur le label français Musea de son deuxième essai baptisé « Mysticae Visiones », qui n’arrive pas à me convaincre franchement, d’autant plus que les hongrois d’After Crying sont déjà passés par là, hissant la barre qualitative très haute dans la fusion rock/classique. Malgré ses quelques ambiances planantes (qui ne sont pas sans évoquer l’univers d’un Klaus Schulze de la grande époque), combinées à des passages plus énergiques, entre symphonisme à la ELP et avant-gardisme façon Magma ou Art Zoyd, le propos éclectique du groupe a du mal à faire mouche, l’ensemble sonnant encore un peu bancal et brouillon. Même constat ou presque avec un « Fragments Of Lights » qui se cherche encore l’année suivante, et il faudra attendre 2006 avec le remarquable et enfin pleinement abouti « Omphalos » (dont le climat austère pourrait néanmoins encore rebuter certains mélomanes non-avertis) pour que le groupe espagnol asseye définitivement sa réputation de formation majeure du courant progressif au sens large.
Quant à leur vrai premier chef d’œuvre, c’est seulement maintenant, en 2012, que Carlos Plaza et sa bande se décident enfin à nous le délivrer, avec ce « Concerto For Piano And Electric Ensemble » qui fera date dans l’histoire de Kotebel. Comme vous pouvez vous en douter, il s’agit là plus que jamais d’un album entièrement instrumental, avec en premier lieu le fameux concerto d’une durée de 43 minutes, découpé en 4 mouvements qui mettent le piano à l’honneur, sans que celui-ci ne soit jamais envahissant. 4 autres pièces tout aussi intéressantes et qui ne rompent pas trop avec l’homogénéité de l’ensemble, viennent compléter le tableau pour notre plus grand plaisir. Mention spéciale à « The Flight Of The Hipogriff Part 1 » et à « The Infant », dont le saxophone et les ambiances sombres et torturées raviront à coup sûr les fans de Van Der Graaf Generator et de son leader possédé Peter Hamill, mais sans la voix qui va avec, bien entendu.
Mais laissons ici un peu de côté ces quelques bonus de choix, et revenons à la pièce maitresse de l’album. Le concerto « électrique » de Kotebel ajoute un mouvement supplémentaire à la structure habituelle de cette forme musicale historiquement héritée des compositeurs italiens du 17ème siècle, enchainant ici un adagio, un cantabile, un scherzando et un allegro, à travers lesquels se succèdent avec maestria les interventions en solistes (guitares électriques, acoustiques, orgues et claviers), appuyées par une section rythmique impressionnante. Le groupe, en parfaite osmose, brille ici de mille feux de par sa musicalité et son incroyable maitrise technique : déferlement de mélodies syncopées, de nombreuses dissonances, d’alternances des climats, etc. Et ce dès les premières minutes, fascinantes, même s’il faudra plusieurs écoutes afin que l’œuvre, qui pourrait sembler aride au premier contact sur le plan émotionnel, ne livre tous ses trésors au mélomane persévérant.
On trouvera dans cette pièce « classique » enregistrée dans les conditions du live et interprétée avec une formule typiquement rock-prog tout ce qui fait la grandeur du style romantique, la puissance évocatrice et la poésie des musiques impressionnistes, ainsi que l’audace du contemporain ou de l’avant-gardisme. L’album dans son ensemble n’est pas sans être agrémenté d’autres influences plus discrètes de ses géniteurs, avec parfois quelques soupçons de jazz et de sonorités sud-américaines, notamment grâce à l’apport des quelques percussions que l’on suppose d’origine afro-cubaines. Signalons enfin que le disque, présenté dans un sobre et joli digipack, se voit accompagné d’un DVD qui permet d’assister avec précision, grâce à la vidéo, à la séance d’enregistrement intégrale du concerto, et d’apprécier la virtuosité de chacun des instrumentistes (Adriana Plaza en tête au piano), sans oublier la symbiose parfaite qui règne au sein de groupe.
Avec ce « Concerto For Piano And Electric Ensemble », Kotebel réalise une œuvre exigeante et majestueuse, qui possède tout le potentiel et les atouts nécessaires afin de séduire (et réunir !) à la fois les amateurs de rock symphonique disons « conventionnel » et les adeptes d’œuvres musicales plus avant-gardistes, intellos, voir carrément expérimentales. L’album serait-il une sorte de pont idéal entre le rock progressif stricto-sensu et le savant « rock in opposition » ? Peut-être bien ! Pour ma part, faisant fi de ces étiquettes tout juste bonnes à cibler un peu de quoi on parle, il rejoint haut la main mon top 5 de cette année 2012. Tout bonnement indispensable !
Philippe Vallin (9/10)
Site web : http://www.kotebel.com/
salut Philippe je vois que tu restes toujours passionné.à+
Bonjour Jenny ! J’espère que tout va bien de votre côté. Je vous contacte très vite promis. Bises. Philippe
merci pour ton appel de ce matin.cela nous a fait très plaisir.espérons que vous allez bien également. bises à vous et au plaisir de se revoir