Kevin Serra – Momentum
Autoproduction
2024
Lucas Biela
Kevin Serra – Momentum
Cela fait déjà dix ans que je suis la carrière solo de Kevin Serra, un guitariste italien que l’on a pu voir côtoyer l’ami et ancien chroniqueur de Clair & Obscur, Henri Vaugrand, au sein du projet Grandval. A la manière de son idole Joe Satriani, il propose une musique où les notes volantes et radieuses s’empressent d’accrocher un sourire à notre visage. Et son quatrième album, Momentum ne déroge pas à la règle.
Chez notre compositeur, c’est la gaieté avant tout que l’on note dans les envolées de son instrument. Avec « Basca In Alaska », entre deux moments d’excitation, c’est en effet l’air du grand large que l’on respire. De même, avec « Chicken Spa », au cours d’une promenade bras dessus bras dessous, on appréciera ce moment d’insouciance qui nous donne pleine mesure de la chance de pouvoir profiter des rayons de soleil et de la nature. Ce sont d’ailleurs ces mêmes rayons de soleil qui nous éblouiront quand un piano espiègle se joindra à la guitare enjouée pour tenir compagnie à « Miss Naftalina ». En outre, avec ses notes dansant sur les braises ardentes d’un volcan en éruption, « Cliff Banger » nous rappelle qu’il faut voir la vie du bon côté.
Vitalité et joie de vivre sont également présentes chez ce « Poodle Doodle» mis en lumière par la guitare lumineuse et les cordes pleines d’allant. La rythmique suivra d’ailleurs cette propension à l’entrain. Ici en effet, point de sentiment d’oppression ou de tension, tout est fait pour se sentir à l’aise. Batterie et basse s’uniront donc pour nous baigner dans l’allégresse et nous faire aller de l’avant. Par ailleurs, un simple coup d’oeil au titre des morceaux nous permettra d’avoir une réponse à la fameuse question de feu Frank Zappa : « Does humour belong in music? » (Est-ce que l’humour a sa place en musique ?). Cependant, ce n’est pas qu’à l’écrit que notre guitariste manie l’humour. On en retrouve en effet trace également dans ses compositions. Ainsi, sur « Steroid Monkey », ces notes qui tentent de se faire une place au sein de l’entreprise groovy nous amuseront. De même, ces ombres qui cherchent à s’extraire de leur source sur « From Fluff To Tough » ne manqueront pas de nous faire sourire. Avec « Foka Foka Bez Oka » (« le phoque, le phoque sans yeux » ; eh oui, très chers, le polonais ne m’est pas inconnu…), sur les airs sautillants de la guitare qui susciteront la surprise des cordes, on pourrait presque le voir se tortiller dans tous les sens, ce pauvre phoque atteint d’anophtalmie. Le cocasse « Flopbuster » nous entraînera quant à lui dans un dialogue à la fois animé et ponctué de rires.
Notre Italien a beau présenter une musique instrumentale, il n’aime guère se prendre au sérieux. Oh certes, ses interventions sont soignées, mais elles n’oublient pas que ceux qui en profiteront sont de simples mélomanes en quête de plaisir auditif, et non des juges décernant une note sur une échelle de 1 à 10 quant à la qualité de leur exécution (et vous, en ce moment, de vous poser la question : « Est-ce vraiment un chroniqueur qui a écrit ces lignes ? »). Voilà donc une nouvelle cuvée de l’artisan Kevin Serra à savourer sans modération.
https://kevinserra.wixsite.com/kevinserraofficial