Karmakanic – Dot
Karmakanic
Inside Out
« Dot, God, The Universe And Everything Else No One Really Cares About ». En voilà un titre qu’il est beau !!! Tiens, ça me rappelle l’histoire du pilote bègue qui doit annoncer à ses passagers que l’avion va s’écraser, mais qui ne peut le faire intelligiblement qu’en chantant : « L’avi-on va s’écraser euh » entonne-t-il d’une voix tremblante sur l’air de la comptine « Jeanneton prend sa faucille ». Et tous les passagers de répondre en cœur en tapant dans leurs mains, d’un air jovial : « LARIRÈTTEUX LARIRÈ-È-TEUX ! ». C’est très tendant pour un groupe de rock-prog de faire dans la prédication ou la philosophie. Cela doit être inhérent au côté épique et cinématographique du genre. De mémoire, et sans faire beaucoup de recherche, je me souviens de Saens, ce remarquable groupe de progressif français cher à mon cœur, dont le troisième album, intitulé Prophet In A Statistical World, imaginait sa propre dystopie, ou plus récemment RPWL, Beyond Man And Time, ou Dream Theater avec son The Astonishing. Le problème, c’est que nous, les fans de prog moyens, nous chantons les textes sans trop y réfléchir…. Ah bon ? Pas toi ? Je suis tout seul alors à avoir chanté « Biko » sans avoir réellement réalisé ce qui se passait en Afrique du sud à la sortie de l’album de Peter Gabriel, au début des années 80 ?
Ben là, c’est pareil. Planète polluée, gouvernements corrompus, abus de pouvoir et tout le toutim, mais moi, dans le fond, je suis focalisé sur les frissons que me donne l’album. Et le temps de m’intéresser aux textes, nous aurons tous disparus de la planète. Ah oui tiens, à ce propos, il faudrait peut être que je commence à te parler de la musique hein ? Parce que dans le fond, le reste….. Dot, donc, c’est un vrai bonheur, il y a tout ce que tu aimes :
– De belles voix, pas très originales, mais très efficaces.
– Deux longs morceaux, des mélodies accrocheuses (moi, ça finit toujours par me lasser, mais c’est quand même souvent un atout pour vendre),
– Des instrumentaux d’enfer.
– Des mesures asymétriques.
– Et, surtout, un réel talent pour développer les thèmes musicaux (tu sais, quand tu t’aperçois après deux ans d’écoute que le thème de ton passage de flûte préféré est en fait le même thème que celui chanté au refrain mais transposé, à l’envers,et par augmentation… le bonheur !).
Pour les développements, le groupe fondé et emmené par le bassiste Jonas Reingold est un vrai repère de champions. Ils explorent tous les styles, du classique au rock, en passant par le jazz-rock. Les thèmes sont triturés dans tous les sens et à toutes les sauces. Attardons-nous, mon cher confrère, sur la pièce maîtresse de l’album, la bien nommée, « Dot » (Sound Of Contact avait déjà utilisé l’image du « point dans l’infini de l’espaAAAAce » avec son « Pale Blue Dot ». Mais bon, ce n’est pas une AOC non plus). Deux couplets, un refrain, un couplet, un pont, jusque là, rien de très original me diras-tu ? Certes, mais le refrain est en 7/4, ce qui ne manquera pas de ravir le romantique fan de mesures bancales que tu es.
Instrumental sur la grille de transition. Impro jazzy sur la même grille. Reprise du thème du refrain à la guitare acoustique avec son petit contrepoint qui va bien dans le style Spock’s Beard/Neal Morse, qui l’a lui-même piqué à Gentle Giant, qui l’ont eux-mêmes piqué à nos grands maîtres de la Renaissance et du Baroque. Nouveau développement du pont, très jazz-rock avec basse « à la Chris Squire » matinée d’une fretless mélodieuse à te laisser la larme à l’œil si tu as passé une mauvaise semaine, et que ton chien a été écrasé par l’ambulance qui amenait ta femme à l’hôpital, après que ton fils ait fait un coma éthylique.
Apres 9 minutes, introduction d’un nouveau thème très Flower Kings (quoi de plus normal me direz-vous ?). Un nouveau thème donc, avec de beaux accords qui donnent des frissons (tu vois certainement ce que je veux dire si tu a déjà écouté un morceau écrit par Tony Banks), habillés de belles sonorité au Mellotron et de beaux chœurs synthétiques (eh oui, le prog, ça ne rapporte pas assez pour se payer la chorale d’Eric Ericson). Puis une nouvelle impro jazz rock « à la Zappa », et retour du nouveau thème, en 7/4 (décidément, ils aiment bien cette mesure là). Chœur d’enfants contrapuntiques (et là, j’aurais vraiment préféré la Maîtrise de Radio France, parce qu’ils ont du mal les petits chérubins, c’est pas facile à chanter quand ça module). Retour du premier thème et conclusion. Je te passe les détails, mais ils sont forts ces barbares du Grand Nord !
Bon, pour le reste de l’album, je vais faire plus laconique, car tu auras compris l’idée générale mon cher confrère, et il faudra à présent te faire une idée par toi-même. Faut pas croire que c’est toujours les mêmes qui bossent.
« Higher Ground » : une petite chanson bien proguette en 2 parties.
1. La chanson et sa ritournelle,
2. Développement de la ritournelle (une vraie tuerie, t’as plus un poil de sec à la fin du développement de ce machin là, c’est pas une ritournelle de bachi-bouzouk, moi j’te l’dis !)
« Steers » : très pop, à la Neal Morse ( « June », ce genre là , tu vois ?)
« Travelling » : encore du prophétique sur une musique belle, mais un ensemble un peu pompier tout de même, je dois reconnaître.
Reprise de « Dot » (impératif pour expliquer aux étourdis qu’il s’agit de la pièce maîtresse et pour donner des allures de concept-album)
Et hop, c’est dans la boite, prêt à poster, du bonheur en décibels !
Quelqu’un pourrait me passer un autre album du groupe les copains ?
Pascal Bouquillard
http://www.insideoutmusic.com/
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Je vois recommande très chaudement l’album: who’s the boss in the factory ?
Absolument d’accord ! cet album est parfait ! le meilleur Karmakanic à ce jour.