Karcius – Episodes
Unicorn Digital
2008
Rudzik
Karcius – Episodes
Il y a une décade de cela, je chroniquais l’album Episodes de Karcius. Cette chronique ayant, avec son site, disparu de la toile, et Karcius revenant se produire au Crescendo le 18 août 2018, l’occasion était trop bonne de la ressortir de son placard le même jour si l’on peut qualifier comme ça mon disque dur. Voici donc ce que j’écrivais à l’époque.
Les CD instrumentaux ne courent pas les rues. Il faut être un guitar hero ou, comme Karcius, un groupe progressif de jazz fusion qui attache beaucoup plus d’importance à la musique qu’aux textes, pour se livrer à ce type d’expérience. Avec Episodes, voici la troisième galette des Canadiens qui débarque dans les bacs. En fait de jazz fusion, Karcius semble évoluer vers un rock progressif plus moderne auquel il donne du corps grâce à des riffs de guitare qui confinent parfois au metal progressif.
On plonge d’entrée dans un très long et sinueux titre nommé « Elements », composé de trois pièces. « Submersion » commence par une intro basse/piano mélancolique et l’on s’aperçoit bien vite que ce sont les deux instruments rois sur cet album. En particulier, le travail de Dominique Blouin à la basse est tout bonnement épatant tout au long du disque. Ce titre donne ensuite plus d’espace à la guitare avec certains passages gilmouriens, jazzy et même barrés avant de laisser la place à un « Sol » plus caractéristique du registre jazz fusion habituellement proposé par le groupe, La fin de ce second mouvement enfle démesurément et se muscle telle une éruption solaire. Pour le troisième mouvement « Combustion », Karcius adopte un ton plus majestueux et dramatique mené principalement par les claviers. Un passage symphonique à cordes magnifie ce titre avant un final gratte/piano encore très floydien. Les trente minutes d’« Elements » à peine digérés, « Incident » apparaît comme étant le must de cet album avec sa trame de flamenco symphonique (On pense ici à Camel). Un pont jouissif piano/basse représente la cerise sur le gâteau de cet excellent titre.
L’intermède « Levant », sorte de court et lente session de piano bar désenchanté permet de se remettre de ses émotions avant de repartir pour un « Purple King » au groove d’enfer toujours mené de main de maître par la basse. Le passage très heavy de guitare assure une transition vers un final d’orgue Hammond furieux. Le ton est donné car l’ultime « Racines » enfonce le clou rythmique dans une veine reggae lent. Les claviers prennent le pouvoir avec même à certains moments des touches d’électro.
La messe est dite et on peut sans hésiter qualifier cette galette de vraie bonne surprise car il n’est vraiment pas évident de sortir un album 100% instrumental qui ne soit pas chiant. Karcius y est parvenu sans peine grâce à une myriade d’ambiances prodiguées à profusion et à une maîtrise technique collective qui ne sombre jamais dans le démonstratif.
Superbe concert hier soir à St Palais sur mer 17 (France).
Effectivement, ils ont justifié leur tête d’affiche du premier soir.