John Carpenter – Assault On Precint 13

Assault On Precint 13 (Enregistrement Original Remasterisé)
John Carpenter
2013
Mis

John Carpenter - Assault On Precint 13

Bonne nouvelle pour les fans de cinéma de genre et d’ambiances analogiques typiquement seventies : la bande originale du film « Assault On Precint 13 » (ou simplement « Assaut » pour l’exploitation française) du grand John Carpenter vient d’être récemment rééditée en une version remastérisée qui s’impose comme l’édition ultime à posséder. Pour rappel, « Assaut » (sorti en salles en 1976 aux USA et deux ans plus tard chez nous) est le premier film « grand public » du cinéaste indépendant qu’on ne présente plus. Il s’agit d’une sorte de western urbain radical et claustrophobe, inspiré à la fois par le « Rio Bravo » d’Howard Hawks et par la « Nuit des Morts-vivants » de George Romero. Le pitch est simple, mais ultra efficace : un commissariat désaffecté, coupé du monde (plus d’électricité ni de téléphone) dans un quartier isolé, est attaqué sans relâche du crépuscule à l’aube par une horde de fanatiques armés, qui n’ont d’autre mobile que le plaisir de tuer. Deux policiers et une femme vont tenter de défendre le poste assiégé avec les moyens du bord et se voir dans l’obligation de faire alliance avec des prisonniers en transit s’ils veulent sauver leur peau.

Rappelons aussi que le film a été réalisé avec peu de moyens (aucun acteur célèbre au casting, mais que des personnages inoubliables dans leur rôle !), à une époque dorée où les pionniers de la nouvelle vague cinématographique (les Spielberg, Coppola, Lucas, Friedkin, Scorsese et consorts) savaient créer des univers originaux et nous raconter des histoires fortes et prenantes, sur la base de scénarios intelligents et de protagonistes travaillés. Nous étions alors loin de l’esbroufe du cinéma populaire actuel (américain en tête), qui cache souvent son manque total d’inspiration derrière des montages épileptiques et une débauche d’effets numériques aussi moches qu’extrêmement onéreux (même si il y a heureusement quelques exceptions à la règle, convenons-en !).

Dès son « Assault On Precint 13 », tout d’abord méprisé par la critique puis devenu culte au fil des années, le jeune John Carpenter est pleinement maître de son art et le réalisateur assure comme personne dans l’art de poser une ambiance, souvent angoissante, pour ne pas dire effrayante vu son style très porté vers la série B horrifique (comparaison à prendre ici comme un compliment). Il est aussi l’un des rares membres de sa profession à composer, jouer et enregistrer lui-même la musique de ses films de façon « artisanale », dans un premier temps avec des boites à rythmes, séquenceurs et vieux synthétiseurs « vintages », avant d’élargir sa palette avec d’autres instruments, comme la guitare électrique.

L’homme, complètement autodidacte, excelle dans l’art du minimalisme et dans la création de thèmes mélodiques d’une extrême simplicité (2 notes suffisent parfois !) qui restent gravés dans les mémoires dès la première écoute. Les plus célèbres d’entre tous restant très certainement les génériques d’ouverture d' »Halloween » et de « New-York 1997″, sans oublier celui d' »Assaut » qui nous intéresse ici. Durant le déroulement du film, chaque courte composition de Carpenter fait mouche pour véhiculer chez le spectateur l’émotion de la scène illustrée. Et les émotions, ce n’est pas ce qui manque pas dans « Assault On Precint 13 » : l’appréhension et la peur (les nappes suspendues de « The Siege »), le suspense et le calme avant la tempête (la rythmique obsédante de « Boarding The Bus » ou « Street Thunder »), la tristesse et la mélancolie (les notes en mode mineur jouées au piano Rhodes sur « Division 13 » ou « Julie », qui rappellent un peu le Vangelis de la même période), etc.

Inspiré par Ennio Morricone (avec lequel Big John collaborera pour les besoins de son chef d’œuvre absolu « The Thing » – plus paranoïaque tu meurs) et Wendy Carlos (« Orange Mécanique », « The Shining »), John Carpenter signe là son soundtrack le plus épuré et répétitif, mais aussi l’un des plus marquants de sa carrière, avec son « Main Title » qui hantera à jamais les esprits les plus cinéphiliques. Voila donc une B.O au moins aussi culte que celle du « Zombie » de Romero, signée par le mythique groupe de rock progressif italien Goblin ! Sauf qu’ici, nous naviguons davantage dans le style planant et séquencé du Tangerine Dream de l’âge d’or, ne serait-ce que par la palette des sonorités employées et l’orientation vers le tout électronique.

Ah oui, si vous possédez déjà l’édition Record Makers publiée en 2006 avec un déroulé identique, et bien revendez la ou alors gardez la pour le simple plaisir de la collection. Car ici, il n’y a pas photo : le son est plus clair, plus dynamique (les basses analogiques bien rondes vont faire trembler de bonheur les membranes de vos enceintes !), sans jamais dénaturer l’esthétique propre à l’époque.

Aussi, le fameux « Main Title » est enfin présenté dans sa vraie version d’origine, et non bizarrement réarrangée avec des accords de claviers qui en amoindrissaient cruellement l’impact hypnotique et envoûtant. Allez hop, n’en rajoutons plus : chef d’œuvre, point barre !

Philippe « Call me Snake » Vallin (10/10)

john-capenter-big1.jpg

http://www.theofficialjohncarpenter.com/

 

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