Jekyll Wood – Who You Are
Time Is Out
2017
Rudzik & Frédéric Gerchambeau
Jekyll Wood – Who You Are
Nous ne sommes pas moins de deux à Clair & Obscur à avoir craqué pour des raisons différentes sur Jekyl Wood. Ainsi, ça n’est pas une mais deux chroniques pour le prix d’une seule que nous vous proposons ci-après. Et vu que nos chroniques sont absolument gratuites, ça ne fait vraiment pas cher !
Rudzik: Ceux qui me connaissent le savent : je ne suis vraiment pas adepte du « petit rock franchouillard » bardé de guitare acoustique et de « tou, tou, tou, tou … la, la, la ….) dont, souvent, je ne conçois même pas que l’on puisse appeler ça du rock, dans les médias français. J’ai à chaque fois l’impression que l’on trahit carrément l’esprit du rock en galvaudant ce mot. Bon, ça c’est fait … le coup de gueule contre les médias français qui confondent rock et variété.
Alors voilà, quand on me propose de chroniquer l’album de douze chansonnettes d’un Tourangeau qualifié de « song writer acoustique », j’ai le poil qui se hérisse mais bon, histoire d’être moins con, j’y prête quand même une oreille distraite, on ne sait jamais.
Euh …difficile d’être distrait en écoutant Jekyll Wood car dès les premières notes, je suis scotché par le groove que ce mec dégage. Du coup, toujours histoire d’être moins con, j’approfondis en matant une vidéo et là, je m’aperçois que Jekyll Wood est un sacré bricoleur du loop, des bruitages, des effets et réalise des one man shows dans lesquels, telle une pieuvre de l’électronique, il joue de tout et imprime des rythmes qui empêchent de tenir en place.
Mais revenons à cet album de vrai rock à tendance new-yorkaise sacrément bien foutu, mais aussi de folk, de blues, d’électro et même de dance.
Déjà, Jekyll s’y entend à merveille pour élaborer des mélodies tenaces, armé d’une voix chaude et de sa guitare qu’il n’hésite pas à saturer pour renforcer sa rythmique infaillible (« I Want To Live », « Right Here Right Now ») ou pour délivrer un solo à la Stevie Ray Vaughan sur le fort bien nommé « Dance Again ».
Ainsi, les rythmes enlevés et enjoués (« Who You Are », « Sorry », « And Yet ») côtoient judicieusement des mid tempi bien plombés (« Right Here Right Now »).
La richesse des choeurs concoctés par Jekyll s’exprime pleinement le temps d’un « Mr Jekyll # Mr Wood » ou d’un « Waking Dream » très émouvant. Le psychédélisme de « Superhero [The Fool And The Cruel] » s’oppose à la percussion de « Can We Talk ».
C’est vraiment parfaitement conçu avec une production bien léchée.
Alors forcément, on ne décroche pas facilement d’un tel album dont l’éclectisme fait plaisir à écouter.
Si le grand méchant loup des médias standardisés ne le mange pas, l’avenir de Jekyll Wood pourrait bien s’avérer radieux, lui qui est capable de telles performances aussi bien en studio que sur scène car ses concerts sont un véritable spectacle de virtuosité et de maîtrise. La vidéo, à la fin de cet article, le présente exceptionnellement en trio mais elle illustre parfaitement tous ses talents.
Je ne suis pas réconcilié pour autant avec le « petit rock franchouillard » mais ça ne risquait pas car Jekyll Wood c’est tout sauf ça.
En tout cas, je me félicite d’être allé au-delà de mes préjugés pour découvrir un tel surdoué du rock au sens large mais véritable du terme.
Frédéric Gerchambeau:
Jekyll Wood est à sa manière un OVNI tourbillonnant avec autant de talent que d’humour dans le ciel plutôt convenu du rock français actuel. Pas encore bien connu – Who You Are n’est que son premier album – l’homme vaut déjà pourtant largement le détour. Et pas forcément, enfin pas seulement, pour les qualités qu’on met le plus en avant chez ce musicien. En effet, lui-même et d’autres chroniqueurs insistent, parfois un peu trop
lourdement, sur le fait que sur scène, c’est un homme-orchestre, un one-man band comme on dit en anglais, les Etats-Unis étant la patrie spirituelle de notre cher Romain Gavilan, puisque c’est là son vrai nom. D’abord, non, il n’est pas toujours seul sur scène. Et ensuite, même s’il l’était en permanence, hormis la louable performance, cette solitude assumée ne serait pas le clou du show, loin de là.
Détaillons un brin. Ce tourangeau d’adoption est en réalité originaire de Montamisé, près de Poitiers. Phénomène courant, comme la plupart des enfants uniques ou très solitaires, il a fini par s’inventer un double, un alter-ego, un jumeau. Aujourd’hui, il est Jekyll Wood. Pour comprendre ce nom d’artiste, il faut regarder du côté des Blues Brothers, ce duo mythique composé de Jake et d’Elwood. Jake Elwood, Jekyll Wood, bien trouvé, non ? Surtout qu’il y a bien un côté Docteur Jekyll et Mister Hyde dans notre bon Jekyll Wood, sauf que les pôles sont inversés, c’est Romain Gavilan Jekyll qui se dissimule sous les traits du lumineux show-man incarnant le côté Hyde (phonétiquement, caché en anglais) qui se démène sur scène derrière son looper et ses guitares.
Psycho à deux balles : Romain Jekyll le timide se soignerait-il par le biais Gavilan Hyde le scénique supersonique ? Naaan, hahaha, vaste blague ! Car, dixit notre cher musicien : « J’ai commencé la guitare grâce à mon père. À 4 ans, j’étais déjà sur scène avec lui. »
Psycho à deux balles : Romain Jekyll le timide se soignerait-il par le biais Gavilan Hyde le scénique supersonique ? Naaan, hahaha, vaste blague ! Car, dixit notre cher musicien : « J’ai commencé la guitare grâce à mon père. À 4 ans, j’étais déjà sur scène avec lui. » Alors vous voyez, l’homme n’en est pas à son premier concert, il a déjà un long passé derrière lui. Et c’est ça qui lui donne l’assurance dont il a besoin pour aller toujours plus loin. « J’aime l’idée de déployer mon énergie pour embarquer le public. » explique-t-il encore. Et c’est vrai qu’il fait le show notre tourangeau, accompagné par moments néanmoins d’une batteuse qui fait totalement le job et d’un bassiste abattant bien aussi son boulot. Pour du show, c’est du solide et de l’éclatant, ça c’est sûr ! De fait, notre faux solitaire sait très bien s’entourer. Pour preuve, Nico, son ingénieur du son. Parce que le son de l’album, attention, c’est du béton. Un an de travail, mais bravo les gars, le résultat s’entend, se savoure, étonne même souvent par son incroyable qualité. Ça sent la sueur à chaque seconde, mais boudiou, quel bonheur derrière les écouteurs ! La front cover de Who You Are mérite également nos applaudissements. Les rues d’une grande ville des USA s’intégrant dans la silhouette de notre Jekyll Wood raide dingue de ce pays, tout est dit, concis et joli.
Parlons à présent du style. Romain Gavilan semble y trouver peu à dire. « Ma musique est assez pop et easy-listening. » déclare-t-il avec simplicité. Easy-listening ? Ah ? Vraiment ? Non, en fait pas du tout, car il précise ailleurs : « Je voulais quelque chose de dynamique, de rock, pop, moderne mais éclectique. Il y a des sonorités vintage, c’est parfois pêchu, parfois posé. Mais la base, c’est pop-rock-électro. Je m’inspire de mes propres réflexions, des Red Hot Chili Peppers, Muse, Hocus Pocus, de la folk, je transforme tout pour en faire du Jekyll Wood ! » J’ajoute que, sans même creuser beaucoup, on trouve fréquemment des influences espagnoles dans le jeu de guitare de Romain, ce qui épice agréablement son rock. Mais, au final, il faut bien pointer la véritable force de notre cher musicien : la qualité extrême de ses compostions. Parce qu’enfin, à quoi serait bonne une année d’enregistrements enfiévrés si la musique n’était pas à la hauteur, hein ? Eh bien voilà, non seulement la hauteur est là, mais elle est vertigineuse ! Ça commence évidemment très fort avec « Who You Are », la chanson, et ça continue de plus belle avec « Mr Jekyll # Mr Wood ». Voilà déjà deux titres qui envoient du lourd, et il y en a d’autres. Mais, très personnellement, je préfère le Jekyll Wood dans sa version plus posée, voire mélancolique, et pour moi « Anymore » et « Waking Dream » sont des perles dans ce genre.
Alors Romain Gavilan/Jekyll Wood, un homme-orchestre, un solitaire et son double, un schizophrène assumé en pleine crise de bonheur ? Oui, peut-être, peu importe au fond. L’essentiel est son écriture musicale. Et là, c’est un régal, un festin !
Alors vous voyez, l’homme n’en est pas à son premier concert, il a déjà un long passé derrière lui. Et c’est ça qui lui donne l’assurance dont il a besoin pour aller toujours plus loin. « J’aime l’idée de déployer mon énergie pour embarquer le public. » explique-t-il encore. Et c’est vrai qu’il fait le show notre tourangeau, accompagné par moments néanmoins d’une batteuse qui fait totalement le job et d’un bassiste abattant bien aussi son boulot. Pour du show, c’est du solide et de l’éclatant, ça c’est sûr ! De fait, notre faux solitaire sait très bien s’entourer. Pour preuve, Nico, son ingénieur du son. Parce que le son de l’album, attention, c’est du béton. Un an de travail, mais bravo les gars, le résultat s’entend, se savoure, étonne même souvent par son incroyable qualité. Ça sent la sueur à chaque seconde, mais boudiou, quel bonheur derrière les écouteurs ! La front cover de Who You Are mérite également nos applaudissements. Les rues d’une grande ville des USA s’intégrant dans la silhouette de notre Jekyll Wood raide dingue de ce pays, tout est dit, concis et joli.
Parlons à présent du style. Romain Gavilan semble y trouver peu à dire. « Ma musique est assez pop et easy-listening. » déclare-t-il avec simplicité. Easy-listening ? Ah ? Vraiment ? Non, en fait pas du tout, car il précise ailleurs : « Je voulais quelque chose de dynamique, de rock, pop, moderne mais éclectique. Il y a des sonorités vintage, c’est parfois pêchu, parfois posé. Mais la base, c’est pop-rock-électro. Je m’inspire de mes propres réflexions, des Red Hot Chili Peppers, Muse, Hocus Pocus, de la folk, je transforme tout pour en faire du Jekyll Wood ! » J’ajoute que, sans même creuser beaucoup, on trouve fréquemment des influences espagnoles dans le jeu de guitare de Romain, ce qui épice agréablement son rock. Mais, au final, il faut bien pointer la véritable force de notre cher musicien : la qualité extrême de ses compostions. Parce qu’enfin, à quoi serait bonne une année d’enregistrements enfiévrés si la musique n’était pas à la hauteur, hein ? Eh bien voilà, non seulement la hauteur est là, mais elle est vertigineuse ! Ça commence évidemment très fort avec « Who You Are », la chanson, et ça continue de plus belle avec « Mr Jekyll # Mr Wood ». Voilà déjà deux titres qui envoient du lourd, et il y en a d’autres. Mais, très personnellement, je préfère le Jekyll Wood dans sa version plus posée, voire mélancolique, et pour moi « Anymore » et « Waking Dream » sont des perles dans ce genre.
Alors Romain Gavilan/Jekyll Wood, un homme-orchestre, un solitaire et son double, un schizophrène assumé en pleine crise de bonheur ? Oui, peut-être, peu importe au fond. L’essentiel est son écriture musicale. Et là, c’est un régal, un festin !
https://www.facebook.com/jekyllwood/
Merci pour ce bel article
Fastoche quand c’est un bel album.