Jean-pierre Alarcen – Tableau N°2
Jean-pierre Alarcen
Musea
« Tableau N°2 » est le troisième album en solo de l’ex-guitariste de Sandrose (groupe progressif français du début des années 70), une oeuvre entièrement instrumentale produite et réalisée avec l’appui financier de notre Renaud national. Bien qu’enregistrée plusieurs années auparavant, il faudra attendre 1998 pour que le disque soit enfin édité et distribué, grâce à la prolifique et bienfaitrice maison Musea, qui nous permettait enfin de découvrir les sonorités classiques de ce « Tableau n°2 ». Car c’est bien de musique « classique » dont il s’agit ici, avec une approche à la Vangelis, ou encore dans la droite lignée d’un The Enid à qui on aurait supprimé le moindre instrument directement lié au rock. En effet, a contrario du « Tableau N°1 » paru en 1979, ici, pas l’infime soupçon de solo de guitare (l’instrument à 6 cordes est totalement absent du disque), ni d’une quelconque section rythmique, mais bel et bien une vraie symphonie en 5 mouvements dans la plus droite lignée d’un genre qualifié de « néo-classique ».
Cette pièce a été entièrement conçue et réalisée par Alarcen, seul dans son home-studio, dont il utilise les divers claviers en guise d’orchestre symphonique. Le résultat est d’ailleurs des plus surprenant, les sons restitués étant une crédibilité qui force le respect. Jean-Pierre Alarcen arrive en effet à recréer avec goût et finesse, sans tomber dans un immonde plagiat artificiel, toute la dimension d’un orchestre classique au grand complet. Pour cela, il n’est en fait aidé que du musicien Fabrice Garniron, maître d’oeuvre des nombreuses et sublimes parties de piano qui parsèment cette fameuse « symphonie électronique ». La musique restituée est confondante de beauté, magnifiquement composée, d’un grande qualité harmonique, alternant thèmes épiques, d’autres plus mélancoliques, voir quelques séquences répétitives plus contemporaines. Le résultat se rapproche parfois dans l’esprit de l’excellent album de Vangelis initulé « El Greco », mais surtout des oeuvres des compositeurs des 19ème et 20ème siècle, tels que Debussy, Mahler, Ravel ou Faure, pour son lyrisme à consonance post-romantique et son ambiance aussi stimulante qu’évocatrice pour l’imaginaire.
Si votre discothèque n’est pas hermétique aux opus de ces grands maîtres, faites-y une petite place pour ce second tableau de trop méconnu Monsieur Alarcen, qui signe là une bien jolie symphonie moderne, mélodique, atmosphérique, et subtilement onirique.
Philippe Vallin (7/10)