IQ en concert au Islington Assembly Hall de Londres, le samedi 3 Mai 2014
IQ en concert au Islington Assembly Hall de Londres, le samedi 3 Mai 2014
3 mai 2014. Une date attendue depuis octobre 2013 par celles et ceux qui suivent IQ, suite à l’annonce de la sortie officielle de leur prochain album, avec un concert d’appui ce même jour, date alors unique à ce moment-là pour une performance. L’annonce est couplée d’une pré-commande d’un box-set commémoratif tiré à 500 exemplaires, contenant le nouvel opus en édition limitée double CD, accompagné d’un disque supplémentaire, d’un ticket pour la prestation live, d’un booklet de 16 pages, d’un T-shirt et de menus articles complémentaires.
Encore quelques attentes supplémentaires…
Déjà, près de cinq années séparent ce futur « The Road Of Bones« , tel est dorénavant son nom, du précédent « Frequency ». Cinq années ! Cinq années qui n’ont pourtant pas été exemptes d’activité au sein même du groupe. Deux ans plus tôt, en 2007, Martin Orford, claviériste, membre fondateur et responsable des plus belles compositions, quitte le groupe. Il est remplacé par Mark Westworth, « visible » dès cette même année sur scène en cette soirée du 1er décembre 2007 au Cultuurpodium Boerderij de Zoetermeer (Pays-Bas), gravée sur DVD livré en 2009 en édition limitée de « Frequency ». Justement, « Frequency » apparut comme le digne successeur d’une discographie quasi sans tâche, et surtout sans faille depuis la renaissance amorcée avec « Ever ». Des pièces comme « Life Support », « One Fatal Mistake », « The Province » ou « Closer » nous confortèrent en une immersion totale et familière. Mais pouvons-nous également en être rassurés ? « Frequency » ne pourrait-il pas être encore sous la protection d’un Martin dont l’âme planerait encore au-dessus ? Car après tout, les premières écritures de cet album nous situent à nouveau en 2007… Nous y reviendrons. À noter, lors des dates du « Frequency Tour », sera disponible un double CD en édition limitée contenant des enregistrements en studio, des mixages alternatifs, des lives et des covers, ainsi qu’une version étendue de « One Fatal Mistake », non retenue dans la production définitive suite au final sonnant un peu trop « Genesis ». 2009 annonce également le retour de Paul « Cookie » Cook, batteur quasi-historique (si vous m’accordez l’abstraction anecdotique quoiqu’originelle de Mark Ridout), suite au départ d’Andy Edwards après quatre années derrière les fûts.
L’année suivante, seul responsable de Giant Electric Pea, Mike Holmes sort un box-set de trois CD et d’un DVD autour du thème des 25 ans de « The Wake ». 2010 marque également l’arrivée de Neil Durant, claviériste de Sphere³ (groupe ayant d’ailleurs fait office de warm-up band d’IQ, le 17 mai 1997 au Palace Theatre de Newark en Angleterre), en remplacement de Mark Westworth. Neil est justement le compositeur de titres comme « Shrimp.sng » et « Paralysis », dont ce dernier clos magnifiquement l’album Comeuppance (en 2002) de Sphere³. C’est donc avec ce nouveau line-up qu’un live sort sous la forme d’un CD et d’un DVD proposant « The Wake » dans son intégralité ordonnée, avec quelques extras pour le support DVD. Plus anecdotique, mais toujours pour insister sur le caractère « Oh so british! » du groupe, pour le côté « Prog Nonsense », le CD « Re: Mixed » voit le jour, oeuvre à considérer comme « déconographique », dans le plus pur style new-age, trance, chill-out, dance floor, ambient, avec loops et beats infâmes : on y reconnaît çà et là quelques thèmes connus, mais… Bref ! T’was a joke!
2011, second coup dur : après le départ de Martin, celui de John Jowitt à présent, celui qui aura participé au renouveau du groupe depuis 1991. Et du coup, conséquence : après le retour de « Cookie », c’est au tour de Tim Esau de nous revenir à la basse afin de palier les adieux de John. Puis l’année dernière, encore un anniversaire : le remixage de « Tales From The Lush Attic » sous le format d’un CD/DVD, dépoussiérage bien plus marquant qu’il ne l’a été pour « The Wake ». Puis, en octobre 2013…
Donc, on peut parler de cinq années quasi-prolifiques pour pareil groupe dans l’absolu, si nous considérons les cinq productions entre « Frequency » et « The Road Of Bones ». Mais cinq années aussi à attendre du nouveau matériel, en contrepartie… Certes.
Puis courant avril 2014, cette bonne idée que le box-set pré-commandé a d’arriver dans la boîte aux lettres juste quelques jours avant ledit concert. Fin des sueurs froides… Ouf ! À temps !
Déjà, le contenu est bien comme prévu. Je vous fais l’article (dans l’ordre contractuel) :
• 1 place pour le concert du samedi 3 mai 2014 à l’Islington Assembly Hall,
• 1 double CD en édition spéciale du nouvel album (entre temps, un nom lui a donc été donné, forcément),
• 1 CD proposant du matériel exclusif pour ce box-set commémoratif,
• 1 T-shirt avec le nouveau logo du groupe,
• 1 livret avec textes, photos, …,
• 1 sticker, 1 badge et des bracelets fluorescents sous la forme de baguettes.
Pas de développements de ma part ici concernant le double CD, l’ami Bertrand (dit « Bébert ») s’en étant déjà chargé, comme il a pu, ce même Bertrand que je remercie au passage (il sait pourquoi, il me remercie d’ailleurs à son tour, auquel je réponds : « de rien ». Note : certaines photos circulent sur un site communautaire où le T-shirt apparaît avec un IQ ‘ach’ment vasarelyen… J’ai rien dit !… T’was another joke!).
Pour le CD exclusif, je ne vais pas trop m’étendre. Pour débuter, deux « run through » de « From The Outside In » et de « The Road Of Bones », assez proches des originaux, les différences étant surtout notables au niveau de la prise de la voix, plus évidentes sur le deuxième titre avec plus d’échos et une ligne de basse moins appuyée. Nous est proposée en troisième titre, une version vocale avec piano de « Ocean » dans le même esprit que « No LoveLost » lors de la réédition de « Nomzamo ». Ensuite, un des deux bonus effectifs, « The Slender Sky » avec une longue introduction atmosphérique, se mettant en place tranquillement sur près de 5 minutes, avec une seconde partie plus riche en exécution pour se conclure sur un fading reprenant l’ambiance introductive, avec un ensemble qui n’est pas sans évoquer « Cloudburst Flight » de Tangerine Dream. Second des deux bonus, « McDozenStrings », plus marrant dans le titre qu’intéressant dans la musique, un « monothème » en boucle qui aurait pu cohabiter avec le reste de « Re:Mixed » cité plus haut. Avant de conclure, une version live de « Without Walls », atrophiée de sa partie centrale définitive, mais avec, à la place, un autre thème non retenu lors du mixage final. Ce titre présente également une variation dans les textes. Enfin pour terminer, « El Bastardo », lors du « Legendary IQ Christmas Bash 2013 » du samedi 21 décembre, titre live « de travail » du futur « From The Outside In ». Au final, plus d’une soixantaine de minutes sur ce CD justement intitulé « The Road Of Bonus » (que j’ai bien compris, surtout grâce à Google translator, me proposant « The Colossus Of Rhodes »… « French Nonsense ! »).
Enfin, en mai, le 3, un samedi, donc : Islington.
Déjà, si nous pouvions douter de l’endroit où allait se dérouler le concert, vue la pauvreté d’affiche annonciatrice de l’événement, y compris sur les lieux mêmes, tout doute se dissipe au fur et à mesure de l’apparition en mouvement de T-shirt rappelant étrangement celui du box-set (le même qui, rappelons-le, peut être visible au hasard de clics sur un certain site communautaire…). Après une queue auto-disciplinée, sans précipitation ni compression, nous pénétrons dans une salle de finition soignée et boisée où trois racks d’HP nous attendent en nous faisant face, à hauteur d’homme. Espérons que l’ingé-son sera très subtil dans les réglages !…
Avec un léger retard dans le timing, un warm-up band. Plus exactement, un stand-alone band : un guitariste, acoustique, adepte du « live looping », autrement dit, un musicien créant en direct plusieurs échantillons qui s’empilent en couches successives, tournant en boucle. Cela en devient (très) vite assourdissant, confus, pénible, répétitif et en fin de compte… Long ! Matt Stevens est son nom, mais le public semble apprécier. Du coup, il reste un certain temps. Le tout pourrait se traduire en un seul et même morceau, entrecoupé d’applaudissements, sorte de « Variations pour une guitare et des mains » de P.H.
Seconde partie : but de la venue. IQ ! Enfin !
Après une attente ambiancée par les trois écrans géants bouclant sur une animation du motif du coffret, introduction du groupe puis ouverture des hostilités avec « From the Outside In », excellent titre introductif pour le concert, comme il l’est également pour le nouvel album, comme l’était d’ailleurs « Frequency » pour l’opus éponyme dans la mesure où nous pouvons y déceler quelques similitudes avec ce « From the Outside In » tout fraîchement exécuté. Je peux ôter sereinement mes protections auditives : le son est puissant mais net et incisif. Quoi de plus appréciable après une bonne entrée en matière que de passer déjà à une pièce de choix comme deuxième proposition : « The Darkest Hour », période « Ever », avec une variation dans l’intro. Ce titre a cette saveur toute particulière, tellement l’album dont il est extrait est magnifique.
Peter, au nom du staff, insiste sur le fait que cette soirée, même s’il s’agit de la sixième date de cette mini tournée, est tout particulièrement spéciale car elle réunit en salle, entre autres, tous ceux qui ont bien voulu contribuer à sa réalisation en pré-commandant le box-set. Et sur invitation du chanteur, autocongratulation nourrie de l’audience appuyée par l’ensemble du groupe sous les feux des projecteurs.
Puis, « The Road Of Bones », issu du nouvel album, avec sa partie finale magistrale qui sonne de manière pesante et pourtant si spatiale. Nous pouvons supposer que le groupe compte bien nous exposer ses nouvelles compositions.
Seule et unique évocation de la période Paul Menel qui, au demeurant, avait une bien jolie voix, soit dit en passant : « No Love Lost ». Comme quoi, cela reste une partie intégrante dans l’histoire du groupe et Peter s’exécute. C’est sûr, ce n’est pas Jon qui aurait chanté un titre de « Drama » (Oui ! Anderson, bien évidemment. C’est vrai qu’il y a un autre Jon dans Yes à présent). Ce qui est sûr également, c’est que cette période 1986/1989 est un peu plus particulière dans la production d’IQ qui n’en reste pas moins riche en morceaux savoureux comme « Common Ground » ou « Wurensh », par exemple. Avec « No Love lost », c’est certes moins alambiqué, mais l’impact n’en est pas moins direct et pêchu.
Retour à un voyage de proximité avec un titre du précédent album, « Ryker Skies », proche de l’original et toujours très « genessien ».
Ah ! L’épique de la soirée : « Without Walls ». Aussi vrai que certains masterpieces d’IQ sont dorénavant gravés dans nos mémoires, comme « The Narrow Margin » ou « The Last Uuman Gateway », cette nouvelle longue pièce est plus à accueillir avec quelques réserves, même après plusieurs pré-écoutes. En quelques points, elle évoque plus l’esprit qui se dégage en se plongeant dans « Harvest Of Souls ». Nous y comprenons bien les découpages, les réexpositions, mais il manque certaines mélodies léchées, que ce soient autant instrumentales que vocales. « Without Walls » résonne de façon plus lisse, sans heurt et du coup sans réels effets de surprises. Ce n’est pas que ce soit désagréable, mais il y a un manque ce quelque chose qui ferait… Ce soir, il y aura un petit raté de synchronisation entre le calage d’entrée de Neil sur le plan de « Cookie », forçant la reprise début le début. Et pas de chance, ce sera au tour de Peter sur les premiers mots qui seront inaudibles. Juste pour l’anecdote.
« The Wake » ! Sorte d’hymne. Et surtout, parce que : symbolique. À l’instar de « The Darkest Hour » annonciateur de lendemains chantants, « The Wake » restera cette rythmique introductive du « Forever Tour ». Rien que pour cela !… Puisque j’évoque « Ever », seconde représentation de l’album avec « Leap Of Faith ». Cet « acte de foi », empreint de mélancolie, n’est pas sans nous faire penser à Les « Ledge » Marshall, bassiste accidentel du groupe et ami proche, parti trop tôt.
Puis retour pour la quatrième fois au dernier album, titre le plus caractéristique du « cachet » IQ, une signature : « Until The End », closant justement et judicieusement ce onzième… dixième… non, onzième album. Et superbe conclusion avec « The Seventh House ». La quinzaine de minutes de ce morceau semble être d’une durée plus adaptée, plus propice à de magnifiques moments comme seul IQ sait le faire, comme « Further Away », « Sacred Sound » ou « The Province ». Et pour les encores de ce soir-là : « Subterranea » et « Frequency ».
Comme vous pouvez le voir, le set est identique à ceux du Melkweg d’Amsterdam et du Colos-Saal d’Aschaffenburg. Seuls Barcelone n’aura pas eu « Frequency », et Verviers, « No Love Lost » avec un ordre des titres légèrement différent.
Cette soirée, marquée par le retour du 4/5e historique d’IQ (on aurait aimer la totale, mais bon), reste un moment des plus agréables, fédérateurs. Même après ces années, c’est un événement apprécié, rien que par le fait même qu’il se reproduise. Cela a le goût d’une soirée entre potes, trop brève, mais qui laisse une persistance indélébile. Mentions spéciales à Neil qui a pris ses repères et surtout à Tim qui a réussi à reprendre les traces de John.
Potentiellement, nous devions donc être une cinq-centaine ce soir, au minimum. Ce concert fut sold-out, avec toutefois un supplément de places, tout en restant « confortable » et en tenant compte de la jauge et des dispositions particulières en matière de sécurité en Angleterre.
Vous pouvez toujours aller les voir cette année. IQ se produit le :
• 18 juillet au « Night of the Prog Festival » sur la Loreley en Allemagne,
• 30 août au « Ino Rock Festival » à Inowroclaw en Pologne,
• 11 octobre à « The Met » à Bury au Royaume Uni,
• 6 décembre au « Cultuurpodium Boerderij » à Zoetermeer Boerderij dans les Pays-Bas,
• 20 décembre à l' »O2 Academy » à Londres.
À propos de « The Road of Bones », dixième ou onzième album… La bonne question est de savoir quel est le premier.
Le petit sujet à controverse vient de « Seven Stories Into Eight », le plus souvent entre les membres fondateurs eux-mêmes et le passionné appliqué. La discographie officielle, de et par le groupe, débute par « Tales From The Lush Attic », premier album, donc. « 7 Stories Into 8 » n’est mentionné, et cela chronologiquement, qu’à partir de 1998, année lors de laquelle il voit le jour au support digital. Nous est alors proposé sur le premier CD un réenregistrement avec la formation et les moyens actuels, accompagné d’une nouvelle écriture et de nouveaux arrangements, le second CD étant une retranscription numérique de la cassette audio de 1982, brut témoignage historique et originel pour le fan averti. Pour le groupe, « Tales From The Lush Attic » reste le premier album, par sa teneur, avec cette volonté de développer de longues plages épiques, et d’autant plus que « 7 Stories into 8 » n’est sorti qu’en cassette audio et ne reflèterait pas, dixit le combo, les prétentions visées. Rappelons qu’IQ a été fondé pour s’éloigner du rock instrumental à consonance jazzy afin de prendre une nouvelle orientation musicale, plus néo-progressive, mais dans un esprit symphonique « à l’ancienne ». Certes, mais sur l’album suivant, « The Wake », les très longs développements brillent par leurs absences et les structures ressemblent étrangement à « 7 Stories Into 8 ». Il faudra attendre les années 90 pour de nouveaux morceaux grandioses (sur la durée, j’entends). Ajoutez à cela, « Capital Letters », premier titre signé sous le nom d’IQ, et « Fascination », premier titre interprété par le groupe au complet, tous deux étant sur « 7 Stories Into 8 », je pense avoir légitimé cet album au rang qui est le sien, ou comme dirait Cyrano : « à la fin de l’envoi, je touche ». Donc, « Seven Stories Into (Ninety-) Eight », premier album d’IQ. Allez, pour les fans de séries, je suis prêt à faire cette concession : considérer cet album, comme le pilote, le numéro zéro (je n’ai pas dis nul), et « The Lens », comme le prequel, le hors-série antérieur. Et du coup ?… IQ ?… Une franchise ?… Stop !
Éric Salesse
Tracks Listing :
1- From the Outside in (The Road of Bones 2014)
2- The darkest Hour (Ever 1993)
3- The Road of Bones (The Road of Bones 2014)
4- No Love lost (Nomzamo 1987)
5- Ryker Skies (Frequency 2009)
6- Without Walls (The Road of Bones 2014)
7- The Wake (The Wake 1985)
8- Leap of Faith (Ever 1993)
9- Until the End (The Road of Bones 2014)
10- The seventh House (The seventh House 2000)
Encore :
11 – Subterranea (Subterranea 1997)
12 – Frequency (Frequency 2009)
Line-Up :
• Mike Holmes : guitares
• Peter Nicholls : chant
• Paul Cook : batterie
• Neil Durant : claviers
• Tim Esau : basses