Iggy Pop & Underworld – Teatime Dub Encounters
Caroline Records
2018
Fred Natuzzi
Iggy Pop & Underworld – Teatime Dub Encounters
Mais comment c’est bon ça ! Vous m’excuserez d’écrire ceci comme cela mais il faut reconnaître qu’à l’écoute de ce Teatime Dub Encounters vous ne pourrez que vous dire que ces gars d’Underworld ont eu une excellente idée de convaincre cette légende du rock encore vivante qu’est Iggy Pop de collaborer avec eux sur ces quatre titres absolument fabuleux. Une gageure alors qu’il avait laissé entendre que c’en était fini des tournées et des albums… Dans une electro dynamique et parfois cinématographique – à l’origine, ces morceaux auraient dû être utilisés dans « Transpotting 2 » mais le résultat est tellement énorme que l’EP se suffit à lui-même très largement – l’iguane se faufile comme une anguille et dévoile une facette insoupçonnable. Déjà avec son précédent opus, l’excellent Post Pop Depression, Iggy Pop était revenu au top de sa créativité. Ici il confirme tout le bien qu’on peut penser de lui. Enregistré dans une chambre d’hôtel à Londres où Rick Smith avait installé une moitié de son studio, Iggy Pop ne pouvait refuser le défi et s’est donc mis à improviser des paroles. Teatime Dub Encounters est donc né de cette session. Un EP certes, mais 27 minutes quand même !
Un incroyable parfum de liberté musicale se dégage de ces titres qui sont autant d’odyssées narrées par Iggy Pop. Il parle plus qu’il ne chante mais sa voix caverneuse est un régal et se marie extrêmement bien avec cet univers. Le premier morceau, « Bells & Circles », est un trip hypnotique de plus de sept minutes où Iggy nous parle de son expérience des avions à l’époque où on pouvait y fumer et ce qu’il ferait s’il avait des ailes ! Oui, dit comme ça, c’est bizarre ! Ça l’est encore plus quand vous l’écoutez. On pourrait rapprocher cette démarche des efforts de David Lynch, mais bon lui il est encore moins sur Terre qu’Iggy qui s’amuse plus qu’autre chose. C’est purement jouissif. On est emporté par la force de l’electro proposé par Underworld et on reste accroché aux paroles d’Iggy, qu’on le comprenne ou non. « Trapped », sur les chapeaux de roue, est peut-être plus faible, l’erreur ayant été de laisser la chanteuse d’Underworld accompagner gentiment Iggy. Le décalage de leurs deux voix déconcerte et fait perdre en intensité. Iggy seul aurait été parfait. « I’ll See Big » calme le jeu, devient quasiment ambient, et Iggy parle de sa difficulté à se faire de vrais amis. Touchant et on en oublie presque la musique derrière lui tant il est charismatique. Enfin, « Get Your Shirt » est le morceau où Iggy chante le plus. Le mariage de cette electro joyeuse et dynamique avec les mélodies d’Iggy est parfait. Et au passage, il souligne la difficulté d’être libre de nos jours. Qu’il ne s’inquiète pas, en musique, il l’est toujours et il le prouve bien ici.
Teatime Dub Encounters est un EP réjouissant, puissant, qui réussit haut la main le pari d’emmener Iggy Pop vers des contrées electro dynamiques et énergisantes. Il lui fallait bien ça peut-être pour le motiver à chanter à nouveau. Reste à savoir si ce n’est qu’un one-shot et surtout si Iggy ne va pas retourner dans cette semi-retraite que nous redoutons. En attendant, il nous reste à nous délecter de cet EP, à l’heure du thé ou quand vous voulez !
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