Hugh Coltman – Good Grief
Masterworks
2024
Sandra Benyachou
Hugh Coltman – Good Grief
Hugh Coltman, chanteur et musicien anglais né en 1972, sort son quatrième album de chansons originales, Good Grief, après l’excellent album dédié à Dr John, Night Trippin’, en 2022. Figure emblématique du jazz et du blues, voix charismatique et pleine d’émotion, cet anglais a conquis le public français. Il a dit être à court d’idées quand il est parti en montagne afin de créer, comme il l’explique, et s’est retrouvé face à la nature, à lui-même, et cela lui a bien réussi. Il nous embarque immédiatement dans son trip, et sa crise de la cinquantaine s’exprime dans « Midlife Crisis », titre phare de l’album où le thème récurrent de cet opus est exprimé avec humour. Un morceau qui donne par son rythme l’envie immédiate de danser et de se laisser porter par le besoin de faire ce qui nous passe par la tête.
Hugh Coltman nous emmène dans une certaine mélancolie avec ce nouvel album rétrospectif dans lequel différents thèmes douloureux sont abordés. Passée la cinquantaine, les sujets peuvent toucher nombre d’entre nous : la perte d’un proche, d’un membre de sa famille, le temps qui passe trop vite, les catastrophes humaines dans le monde, … Mais la noirceur des propos cache aussi simplement le moment de l’acceptation, de la résilience. Cet album, entre ombre et lumière, est très touchant et fait du bien, du moins, de mon point de vue, et certainement parce que la plupart de ses écrits reflète le miroir de mon expérience pendant cette même période. Mais qui n’a pas connu ces mêmes souffrances et interrogations ? C’est en cela que Good Grief peut toucher un large public. Tout au long des dix morceaux qui composent le disque, on ressent de la sincérité et de l’émotion. C’est de plus un savant mélange de jazz, folk et de blues qu’il nous offre, un vrai bonheur. Coltman explore de nouveaux territoires émotionnels dans ses textes, tout en restant fidèle à son style unique.
Pour découvrir cet album, Hugh Coltman offre le titre « Red T-Shirt » en clip animé, dont l’essence part d’une tragédie humaine. Réalisé par Anne Royant et Sylvain Dorange du collectif Rayon Vert, ce clip aborde avec délicatesse et sobriété un sujet bouleversant : l’histoire du petit Aylan Kurdi, jeune immigré Kurde retrouvé noyé en 2015, dont la photo a ému le monde entier. Au fil des titres « Take Away », « Hear No Evil » ou « Man Up », Hugh nous plonge dans ses peurs, sa nostalgie, ses deuils, et plus précisément celui de son père dans le morceau « Jumper » où il raconte un moment poignant lors de la récupération des affaires paternelles avec son frère juste après le décès. C’est une chanson de deuil mais aussi d’amour qui accompagne les deux frères. L’album trouve sa conclusion sur une jolie ballade courte et délicate, « Rainy Summer Holidays »,où la voix et la mélodie sont accompagnées par le saxo amené en douceur par Christophe Pinzani.
Hugh Coltman est accompagné par des musiciens très talentueux : Matthis Pascaud à la guitare, Raphael Chassin à la batterie, Laurent Vernerey à la contrebasse, sans compter de nombreux invités qui agrémentent les morceaux, notamment Christophe Panzani, excellent saxophoniste. On retrouve cette densité musicale et poétique sur scène où Hugh Coltman dégage quelque chose d’unique, porté par l’émotion des textes et de sa voix. Je vous conseille vivement de faire l’expérience d’une rencontre live afin de vivre l’intensité de ses mots et ressentir la puissance de sa voix.
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