Hommage à Toots Thielemans (1922-2016)
Le jazz a perdu son harmonica en route
Toots Thielemans, le fameux joueur d’harmonica belge, avait pris récemment la décision de ne plus fouler les planches de la scène. Depuis le 22 août 2016, ce sont également ses terres qu’il ne foulera plus. D’une envie insatiable à nous émouvoir de son instrument de poche depuis plus de deux générations, c’est aussi bien sur les plus grandes scènes éclairées que dans les plus petites salles obscures que son jeu irradiait. En effet, outre ses tournées avec les plus grands jazzmen, il a participé à de nombreuses trames sonores. Qui ne se rappelle pas en effet de la mélodie mélancolique de « Midnight Cowboy » ? Ayant démarré à la guitare dans les années 40 déjà, aux côtés de Benny Goodman notamment (un début de carrière prestigieux !), il a par la suite introduit l’harmonica dans le jazz et lui a donné ses lettres de noblesse. Il apparaissait par ailleurs comme une évidence que la chaleur flamande de son instrument fétiche doive se marier au soleil brésilien de la bossa nova. C’est donc autour de collaborations avec Elis Regina, et bien plus tard avec les maîtres du genre Milton Nascimento, Caetano Veloso et Gilberto Gil, que cette liaison put se concrétiser. A l’image des pochettes gorgées d’onirisme de son compatriote Jean-Michel Folon (le fabuleux Old Fool Back On Earth de Michel Colombier ou pour rester avec notre harmoniciste, le live enchanteur Ne Me Quitte Pas), le monde de Toots appelait une poésie qui rendait ses collaborations propices au rêve. L’humilité et l’intégrité de ce poète des sons vont nous manquer. Nous pourrons néanmoins goûter un coin du paradis qu’il a rejoint à l’écoute de ses nombreuses productions.
Lucas Biela
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