Hommage à Tom Petty
Tom Petty a pris son dernier envol…
Tom Petty a pris son dernier envol et j’ai le cœur brisé. Pratiquement sans faire de bruit, loin de ces États-Unis où il était populaire, Petty avait creusé un sillon bien à lui parmi les artistes qui me touchent tout particulièrement. Son style inimitable, trop souvent comparé à celui de Bob Dylan, le plaçait au côté des plus grands.
Dylan, d’ailleurs, Petty l’a souvent croisé. Que ce soit en tournant avec lui – Tom Petty & The Heartbreakers furent les musiciens de Bob pour la tournée « True Confessions Tour » (1986) – ou en rejoignant le groupe initié par son autre ami, George Harrison, les Traveling Wilburys (1988-1990). Les Wilburys, ce fut une sorte de « Dream Team » éphémère composée de Petty, Harrison, Dylan, Jeff Lynne et Roy Orbison – le décès de ce dernier mettant fin prématurément à la carrière de la famille Wilburys. Tom Petty se retrouvait là dans la cour des géants, à sa place finalement. Le monde avait ainsi pu le découvrir au travers de sa prestation avec les Heartbreakers au Live Aid en 1985 alors que déjà l’Amérique, mais surtout l’Angleterre, jamais avare de reconnaître les talents, suivaient ce gang aux cinq solides disques déjà enregistrés.
Petty poursuivra une carrière sans réelle faille, oscillant entre les Heartbreakers et une carrière solo, enregistrant même deux albums avec Mudcrutch, le groupe qu’il avait formé avant Tom Petty & The Heartbreakers. La fin des années 80 et les années 90 – ces dernières pourtant marquées par une longue dépendance à l’héroïne – resteront la grande période de Tom Petty, avec des albums aboutis (notamment Into The Great Wide Open, avec les Heartbreakers [1991], et le magnifique Wildflowers en solo [1994]).
Le style de sa musique restera toujours sobre mais finement arrangé – il déclarait avec malice que l’écoute des Rolling Stones était sa période punk. Influencé par le rock mélodique, Tom Petty saupoudrait le tout de pop, de folk, de country et de blues, racontant souvent des histoires simples de l’Amérique profonde et quotidienne portées par sa voix nasillarde, s’accompagnant à l’harmonica comme son pote Bob, aux guitares acoustiques 6 et 12 cordes, ou avec ses célèbres Rickenbacker électriques, portant cet illustre haut-de-forme gris qui fut détruit dans l’incendie de sa maison en 1987 et remplacé par bien d’autres depuis…
Le cœur de Thomas Earl Petty a cessé de battre ce 2 octobre, à l’aube de ses 67 ans et à quelques encablures des deux derniers concerts de la tournée du quarantième anniversaire des Heartbreakers. Charlie T. Jnr n’est plus et les deux Wilburys survivants commencent à se sentir bien seuls. Tom a dû emporter sa Rickenbacker 660/12TP pour jammer avec Roy et George : « Well it’s all right, even if the sun don’t shine / Well it’s all right, we’re going to the end of the line… »
Henri Vaugrand