Hildebrandt – îLeL
AT(h)OME
2019
Christophe Gigon
Hildebrandt – îLeL
Un premier album sorti en 2016, Les Animals, récompensé par le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros. Ce n’est pas ce que l’on appelle un faux-départ ! 2019 : un nouveau disque sort pour l’automne : îLeL. Pas encore très connu, Hildebrandt va bien vite le devenir. De la bonne musique pop, assumée et décomplexée. Avec ce supplément d’intelligence et de volonté de jouer, le natif de La Rochelle sait proposer des morceaux engageants, frais et assez proches, dans l’esprit et dans le son, des différents travaux en solo de Kent, ancien chanteur de Starshooter. On a connu pire référence.
Grand mélodiste, très bon chanteur, l’auteur-compositeur-interprète crée des vignettes modernes, mélodiques et entêtantes. Moins déjanté qu’un Katerine, moins passéiste qu’un Voulzy, Hildebrandt a su trouver son chemin, qu’il traverse armé d’arrangements électro-rock du plus bel effet.
Lorgnant vers des esthétiques post-punk et new wave, les douze pépites rouges contenues dans ce second essai sont autant de pastilles vitaminées dans lesquelles on pourra puiser vitalité, poésie et fraîcheur. De fulgurances littéraires en arrangements imprévisibles, chaque titre se pose comme un manifeste faussement minimaliste. On sent que l’homme est en quête de la quintessence de la perle musicale populaire exigeante. Ce joyau que tant d’artistes ont essayé de glisser dans leur besace. Certains y sont parvenus : Alain Souchon souvent, Arno parfois et Gainsbourg (presque) toujours. Des hits en puissance comme « Docteur », « Je Suis Deux » « Revers » ou « Garde Tout Bas » réussissent le tour de force de pouvoir convaincre tant le public d’Indochine que celui de Jean-Louis Murat. Quel tour de force ! Quel esprit de synthèse ! Quel grand écart vertigineux !
Les douze titres formant cette île musicale sont sublimés par les pianos d’Albin de la Simone, autre figure notable de l’univers méconnu d’une nouvelle chanson française de qualité. La voix vaporeuse de la chanteuse anglaise Kate Stables (This Is The Kit) apparaît dans les cœurs des moments plus intimes.
Avec Bertand Belin, Joseph d’Anvers, Arman Melies ou Hildebrandt, les anciens (Kent, Bashung, Thiéfaine ou Murat) peuvent se reposer sans arrière-pensées : la relève d’une certaine idée de ce qui doit constituer l’étalon de la chanson est assumée. On a failli avoir peur. Christophe Maé, Christophe Willem et autres Vianney ne nous auront pas.