Goblin Rebirth – Goblin Rebirth
Goblin Rebirth
Relapse Records
Cette réincarnation du mythique groupe italien de « movie-prog » Goblin est constituée de la section rythmique de la formation originale des seventies. D’autres musiciens, de gros calibre, se joignent à la fête afin de vous faire encore davantage frémir de plaisir. La situation que vit cette excellente formation transalpine (la scission en deux entités toutes deux se réclamant de l’esprit originel de la musique de la composition historique du groupe) rappelle furieusement l’existence ubuesque de deux Barclay James Harvest ou de (presque) deux Queensrÿche. Goblin donc : deux formations, loin d’être hémiplégiques, qui savent ainsi nous offrir deux fois plus de plaisir à l’instar de Fish et Marillion ou Roger Waters et David Gilmour.
L’autre Goblin (qui s’appelle tout simplement Goblin) s’est fendu d’un excellent Four Of A Kind, paru en 2014. La barre était donc placée bien assez haut. Dissolvons de suite le suspense en annonçant que ce petit monstre-là, pourtant tout jeune, a su, non seulement bien écouter ses parents mais a su, en sus, sucer la sève horrifique des muses suspendues afin de mieux faire suer d’angoisse les auditeurs qui ne seront ni surpris ni déçus. Huit titres d’une beauté glaciale, aux atmosphères si agréablement lugubres et odieusement mélodiques. L’unité de style n’a d’égal que la maîtrise des arrangements. Une production d’orfèvre achèvera de convaincre le mélomane manipulé par tant de compositions diaboliques et pénétrantes. L’absence quasi-totale de chant n’enlève en rien le sentiment de plénitude que propose cette musique habitée, terrible et roublarde.
Comme John Carpenter, Goblin Rebirth sait créer des climats, peindre des paysages ou tendre des visages que vous n’auriez jamais envisagés. Bien entendu, cette galette de rois cramoisis ravira les plus pervers d’entre nous, ceux qui peuvent regarder Rosemary’s Baby de Polanski en survêtement avec femmes et enfants ou imiter Michael Berryman (Ellis dans Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman) à journée faite. Les autres, les « normaux » préféreront se repasser en boucle la bande originale de Titanic (« My Heart Will Go On » : au secours !). Préférez donc le diable qui fait du bien à l’angélisme qui fait du mal.
Christophe Gigon
https://www.facebook.com/Goblin.Rebirth
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Bien écrit, Gig ! J’aime tout particulièrement le passage avec le jeu sur la syllabe « su »