Goat – World Music
Goat
Rocket Recordings
J’avais envie de faire la fête, de danser sur des rythmes hypnotiques, de participer à une transe collective, d’effectuer un voyage au cœur de cultures multiples et d’époques différentes. Là, c’est plus fort que moi, je me trémousse, je lève les bras, je crie, je suis la cadence, je suis bien. J’ai beau être en face d’une pochette qui rappelle le tapis de selle du général Custer, mélangé à du papier peint et une nappe 100% bio « tous responsables », je prends mon panard total durant ces 38 minutes. Sur un buzz bien contrôlé, un anonymat bien préparé, Goat a envie de te faire bouger, de te faire vivre quelque-part, au-delà de ta petite case restreinte. Goat ne pense pas aux sujets qui font mal, ceux qui te rendent tout triste et replié sur toi. Il n’ira pas chercher la petite larme au coin de ton œil et ne te donnera pas envie de tout foutre en l’air comme un supporter en colère ou trop excité. Goat, c’est le plaisir d’être là, ensemble, dans un décorum de carnaval, un esprit gentiment seventies, des costumes aussi funs que tendrement ridicules qui foutent la patate. Et cette musique ! Ah, le doux bonheur d’entendre ces tonalités krautrock, répétitives et hypnotiques, ce chant féminin chaudement hystérique, ces percus, ces références qu’on sent passer mais qu’on n’a presque pas envie de citer, ça gène au paysage. On a de tout dans « World Music », de l’afro-beat, du rock bien barré, un côté disco à la mode son gras du garage pour que, au final, le cataclysmique et jovial « Replay » fasse son apparition. J’ai envie de faire la teuf, Goat est prêt à emmener le maximum de gens. À quoi ça sert de se prendre le chou, se faire péter le cocotier pour des hystéries collectives (ou individuelles), de ne pas avoir la niaque pour montrer ses dents dans un superbe sourire et de se laisser aller dans un rire tonitruant et libérateur ? Goat, ce n’est pas de la vanne, c’est un plaisir communicatif. Pire, c’est une drogue…
Jérémy Urbain (8,5/10)