Foretaste – Space Echoes
Ceux et celles qui me suivent régulièrement dans mes chroniques doivent savoir à quel point j’ai un plaisir tout particulier à écouter les albums de Forestaste que je reçois, à les chroniquer et à les réécouter encore souvent ensuite. C’est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de ce qui émane du label marseillais BOREDOMproduct, admirablement dirigé par Member U-0176, dont, je tiens à le souligner, aucun des albums ne m’a jamais déçu. Mais que dire de ce nouvel opus de Foretaste consacré à l’Espace ! En effet, je pourrais facilement écrire une chronique entière sur chacun des onze morceaux que propose cet album, qui sont tous puissants, denses, particuliers et passionnants. Pour vous dire la vérité, je les trouve même tous trop courts, tellement j’aime en explorer de mes deux oreilles et de mon intellect toutes les subtilités sonores, mélodiques et rythmiques.
Il faut dire que Foretaste, qui avait déjà par le passé démontré un talent redoutable en matière de compositions et d’arrangements, nous à fait ici la totale, une sorte de summum à sa manière, tant dans le domaine harmonique que dans l’art de manier un synthé. Pour ceux et celles qui s’y connaissent en musique, mais ceci intéressera aussi les autres qui ressentiront forcément ce que je vais dire, ce qui frappe tout au long de Space Echoes c’est l’utilisation massive de l’opposition mode majeur-mode mineur, avec de très nombreux passages du majeur au mineur ou du mineur au majeur. Cela donne à cet album un aspect musical assez étrange, pas désagréable du tout, bien au contraire, mais quelque peu inhabituel. Mieux, Foretaste n’hésite pas à distiller ici et là des harmonies ou des accords à la limite du faux pour renforcer encore cette atmosphère d’étrangeté générale. Cela dit, c’est très bien fait et la plupart du temps c’est quasiment transparent. Mais quand même, quelque part, ça se sent, se ressent. Quant à l’utilisation des synthés, Space Echoes est un véritable festival de sonorités en tous genres, toutes très bien travaillées, allant du pad atmosphérique fort classique à des sons incroyablement distordus en passant par tout un panel de basses profondes, de percussions cinglantes, de modulations complexes et d’ambiances intersidérales.
Il y a donc, au moins, deux voyages proposés dans ce tout nouvel Space Echoes, les deux tout aussi passionnants l’un que l’autre. La première de ces odyssées est musicale. Plus haut je parlais de l’opposition mode majeur-mode mineur. Cela s’écoute, s’apprécie et coule délicieusement entre nos deux tympans. Mais au-delà, ceci confère une dimension de musique classique, certes moderne mais indéniable, à cet opus. Alors, bien sûr, je suis toujours en train de chroniquer un album d’electropop. Mais, sans contestation possible, Space Echoes, par la richesse et la qualité de ses compositions s’élève un bon cran au-dessus du lot. Et ceci aussi du fait du niveau exceptionnel de la recherche sonore embarquée dans cet album. Celle-ci va bien au-delà des besoins d’habillage des chansons. On est là vraiment en pleine exploration sonique voulue, creusée, amplifiée et assumée. Un immense régal !
Alors oui, comme je vous le disais dès le départ, les 41 minutes de ce Space Echoes sont trop courtes. Mais quel périple à chaque écoute ! C’est du pur talent, du très grand art. Bravo, bravo, bravo ! Et merci à Foretaste et à Member U-0176 d’avoir élevé l’electropop à un tel niveau.
Frédéric Gerchambeau
http://www.foretaste-music.com/
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