Feu !Chatterton – Feu !Chatterton
Feu !Chatterton
Autoproduction
Le nom que s’est choisi ce groupe parisien fait sans doute référence à un des (nombreux) albums-phares du regretté Alain Bashung. Le magnifique et grandiloquent premier titre (« Côte Concorde ») de cet extended play (4 chansons) de haute tenue plonge de suite l’auditeur dans un climat onirique et connu : des arpèges de guitare cristalline tissent un décor proche de celui entendu sur « A Perte De Vue », la piste inaugurale de l’album Chatterton (justement !) de l’Alsacien évoqué. La pose de voix, qui joue de mimétisme avec celle de Léo Ferré ou de Christian Décamps (Ange) achève de créer l’illusion. « La Malinche », aux rythmes modernes et entêtants, nous entraîne vers des contrées plus dansantes, fréquentées par Benjamin Biolay, Katerine, Moby ou Daho. Seule cette voix déclamatoire en diable nous rappelle qu’il s’agit toujours du même disque. Heureusement, « A L’aube » et « L’heure Dense » resserrent le propos et mènent l’auditeur connaisseur aux confins de l’Imprudence. Il existe de pires références.
Mais si l’on ne peut qu’être heureux de constater que la relève semble assurée, que la chanson française sait (enfin) se trouver d’autres ambassadeurs que la compagnie de clowns enfoirés mais aphones, revenant chaque année nous rappeler que l’exigence musicale n’est pas qu’affaire de cœur, mais de rigueur, il faudrait que cette formation très prometteuse enfonce le clou. Qu’elle remplace clins d’œil et quasi-citations par de nouvelles mixtures plus personnelles, même préparées dans de vieux creusets dorés.
Sinon, c’est une carrière « à la Manset » qui se dessine. Alors qu’on pourrait imaginer un destin plus « grand public » à nos cinq généreux dandys. A relever la qualité esthétique de l’illustration de pochette qui offre un bien bel écrin à ce long quart d’heure de poésie musicale.
Christophe Gigon (7/10)
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