FEM – Sulla Bolla Di Sapone
FEM
AltrOck Records
Bâtie en 2007 autour du chanteur Giacomo Balzarotti, du claviériste Alberto Cittiero, du guitariste Paolo Colombo, du bassiste Marco Buzzi et du batteur Emanuele Borsati, FEM est une nouvelle entité progressive de qualité.
Lentement muri sous le soleil transalpin, son premier opus, publié chez AltrOck Records (gage de qualité s’il en est) et baptisé « Sulla Bolla Di Sapone », est indéniablement efficace et convaincant. Ses quinze pièces concises, d’une durée moyenne de cinq minutes, sont souvent survolées par une flûte aérienne et se situent dans la partie la plus inspirée de ce courant artistique, celle qui se laisse aller de temps à autre à des élans jazz-rock bienvenus (« Il Giardino Delle Consuetudini », aux arabesques rythmiques assez jouissives, ou encore « Microgen Parte 2 », évoquant les fastes de Lyle Mays). On a droit également à quelques jolies plages symphoniques (le très efficace « Nella Citta », aux riffs de six-cordes bien drus et aux synthés orchestraux à souhait, ou l’acoustique « Ritorne Al Giardino », qui nous replonge dans le PFM de « Storia Di Un Minuto »).
Maîtres d’œuvre de la formation, le chanteur Giacomo Balzarotti et le claviériste prodige Alberto Cittiero ont su maintenir un équilibre louable entre les différents instruments. Ils ont, en outre, manifestement soigné leur travail de composition. On retrouve en effet ici toutes les caractéristiques de la fameuse école progressive italienne. Allez, c’est parti : synthétiseurs tour à tour volubiles, virtuoses et emphatiques (l’emersonien « Microgen » ou la magnifique ballade interprétée au piano classique « Il Mondo Bianco Opaco »), guitares souvent transfusées aux globules rouges (« Incontro Con I Sapanori », « Il Signore Dei Pensati ») quand elles ne lorgnent pas du côté de l’immense Franco Mussida (le classieux « Ritorno Al Giardino »). Quant au chant, très typé, il possède un aspect théâtral pas piqué des vers (« Processo Alla Verita », « Il Peso Della Conoscenza »).
La force du combo, outre sa solidité, vient de ses mélodies, nullement convenues et souvent fort belles. C’est bien simple : dès que les claviers arrivent au premier plan, il se passe vraiment quelque chose et les titres sont alors portés par un authentique jaillissement harmonique et un esprit totalement progressif. Voilà donc une production agréable et de qualité, à classer entre le Pat Metheny Group, ELP, PFM et – dans une moindre mesure – Area. Les amateurs du genre apprécieront donc sans grande réserve.
Bertrand Pourcheron (8/10)
CD disponible auprès de George’s Shop :