EYM Trio – Casablanca

Casablanca
EYM Trio
Kollision Records
2024
Lucas Biela

EYM Trio – Casablanca

Eym Trio Casablanca

Trio de jazz aimant expérimenter avec différentes cultures, EYM revient en 2024 avec un nouvel album. L’année dernière, à travers Bangalore, c’est en Inde qu’ils avaient posé leurs valises. Avec Casablanca, les voilà foulant les terres du Maghreb. Depuis 2011, le trio comprend Elie Dufour au piano, Yann Phayphet à la contrebasse et Marc Michel à la batterie. Vous l’avez compris, c’est la première lettre de leur prénom qui donne le nom au trio. Versatilité, émotion et dynamisme sont au programme de ce cinquième album.

Avec « Casablanca », le morceau-titre, le rythme est au cœur des préoccupations de notre trio. Entre deux salves d’arabesques enjouées mais pressées du piano, c’est un dialogue plus circonspect mais tout aussi haletant qui se noue entre les cordes du piano, celles de la basse et les éléments de la batterie. Le soleil, la vie palpitante du poumon économique du Maroc, les senteurs épicées à tous les coins de rue, ainsi que les notes de musique orientale sont autant d’images qui nous viennent alors en tête. On retrouve ce dialogue rythmé sur « Merapi », mais cette fois-ci c’est la basse qui s’essaye aux enjolivures orientales là où le piano tente des ouvertures qui convoquent aussi bien le questionnement que l’émerveillement. A nouveau, c’est un beau travail de composition auquel on assiste dans cette cohabitation entre conversation animée et expression personnelle. Cet « emballement » rythmique, on en est aussi témoin quand le ciel menaçant oblige à écourter le « Picnic In Tchernobyl », ou encore quand la contrebasse rentre dans l’ère de la « Dystopia » par son jeu interrogatif.

Eym Trio Casablanca Band 1

Le pouls ralentit avec « Song For Anilou » comme pour mieux apprécier les moments de partage avec un être cher à Elie. Mais avec ce piano qui fait tanguer de belles notes lumineuses sur le radeau de l’espoir, c’est le cœur de notre pianiste qui chavire. Toujours avec prudence, c’est cependant de manière plus dubitative que « Spleen » avance. Tout est dans le titre ! En effet, de lamentation en lamentation, les notes subtiles du piano finissent par prendre des couleurs sombres. De réconfort en support, la batterie suit également la voie de la résignation. Que ce soit avec des doigts fébriles ou avec un archet hésitant, la douleur insidieuse est suggérée par les couleurs automnales dont la contrebasse se pare. Et en parlant de prudence, « No Madness » n’y est pas étranger. Il n’y est effectivement pas question de folie, mais de bipolarité. Entre anticyclones conquérants, dépressions hésitantes et perturbations menaçantes, le piano d’Elie fait la pluie et le beau temps.

Eym Trio Casablanca Band 2

On notera également des pièces qui permettent à chacun de nos trois musiciens de mettre plus en avant leur talent. Ainsi, avant que « Do I Know You » ne baigne dans l’allégresse, une jungle sombre aux cymbales frémissantes et rythmes tribaux nous incite à la vigilance. « Midnight Damper » fait coexister des couleurs aussi bien vives que ternes, dans un beau contraste où les cordes et les touches du piano changent tour à tour de rôle. Enfin, avec « Yann Interlude », à travers cette contrebasse à la fois réservée et bavarde, c’est la minute de réflexion sur la communication qui nous est proposée.

En globe-trotters avertis, EYM Trio continuent leur exploration du monde pour nous apporter toujours plus d’émotion et de saveurs. Leur univers fourmille de détails, et chaque nouvelle écoute permet d’en découvrir davantage.

https://www.facebook.com/eymtrio

 

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