Esedra – The Last Step
Esedra
Autoproduction
Apparu en 2005, le combo sicilien Esedra a longtemps hésité avant de trouver sa voie, explorant tour à tour le smooth jazz, la funk, le flamenco, le progressif et les musiques ethniques. Forte de cette grande diversité stylistique et d’une pléthore de concerts donnés notamment en première partie de Trilok Gurtu Band en 2008 et de Gong en 2009, c’est une formation dotée d’une maturité bienvenue qui nous a offert, en 2012, son second album studio sobrement baptisé « The Last Step ». Cette œuvre entièrement instrumentale nous propose huit morceaux joliment roulés qui naviguent, toutes voiles dehors, dans un jazz-rock fusion de qualité. Ce trio batterie (Marco Maria Pennisi)/basse (Ezio Epaminonda)/guitare (Giovanni Giuffrida) y développe en effet, en deux temps et trois mouvements, une musique ambitieuse qui évite, la plupart du temps, l’écueil de la démonstration tape-à-l’œil et stérile comme celui de l’improvisation bordélique. Inspiré à la fois par le meilleur Allan Holdsworth (la guitare sur le très réussi titre d’ouverture « Quarta Essenza ») comme par le grand Django Reinhardt (la succulente pièce de clôture « Arlecchino ») et par l’immense Uzeb (le bassiste a apparemment flashé sur Alain Caron), Esedra fait parler la poudre et nous sort de sa besace des compositions plutôt bien tournées. Citons, en priorité, le flamenco-jazz « Labirinto » ou l’expérimental « Ewai ». En dépit de certaines longueurs (notamment sur « Alla Conquista Della Torre Tabor »), « L’Ultimo Gradino » est un disque très fréquentable, virtuose et contrasté. Rien d’étonnant, de ce fait, à ce que le groupe ait été couronné, il y a à peine quelques mois de cela, du premier prix par le jury du fameux festival européen de jazz de Capurso, cela juste avant de se produire sur scène en compagnie de Jeff Berlin et Denis Chambers (excusez du peu !). De la bonne came, donc…
Bertrand Pourcheron (7,5/10)
http://www.esedraband.it/