Endless Dive – Endless Dive
Autoproduction
2016
Le post-rock a ceci d’agréable qu’il s’écoute plutôt facilement sans y prêter trop attention, un peu comme l’ambient. Il faut se laisser imprégner en douceur par la mélancolie environnante. Alors le truc, c’est de passer cette musique un peu en fond sonore. Si certains passages vous font hausser le sourcil et rendent prédominantes vos esgourdes par rapport à vos pensées vis-à-vis de votre cerveau, on va dire que le pari du captage de l’attention par la musique est réussi.
Je dirais qu’en la matière, Endless Dive est arrivé partiellement à atteindre cet objectif ; mais bien sûr, il s’agit de mes oreilles et surtout de mon cerveau. Cet EP 5 titres éponyme et auto-produit distille une zik assez aérienne aux guitares pratiquement jamais saturées, un peu à la façon d’un The Cure, mais en nettement moins pop. L’album est 100% instrumental, ce qui est sympa pour une écoute en dilettante, mais présente justement le risque de ne pas vraiment accrocher, voire de lasser un tantinet. De plus la production, au demeurant excellente de clarté, est similaire sur tous les titres ce qui renforce un sentiment d’uniformité.
Les quatre premiers morceaux passent un peu comme une lettre à la poste. Cette expression est parfaitement adaptée, car « ça passe bien » comme on dit, mais d’un autre côté, ça ne marque pas particulièrement l’auditoire. Fort heureusement, « Gravity Always Wins » vient clôturer cet EP, un pavé de plus de 8 minutes alternant les passages aériens et les riffs plus burnés. C’est à ce moment-là que mes fameuses esgourdes ont pris le pouvoir sur mon cerveau et que je me suis dit : « Ah mais oui, ça vaudrait bien une petite chronique, ce plongeon infini ! ». Le mixage en fond sonore du solo final de guitare avec le riff non saturé de la rythmique au premier plan m’a particulièrement plu.
J’ai donc réécouté les quatre premiers titres en forçant un peu plus mon attention. La trame d’« Atom » est certainement la plus mélancolique de l’EP avec un final sur lequel la batterie claque un peu plus sévèrement. De quoi remonter donc dans mon estime. Par contre « Lifthome » et « Heavy Clouds » ont rejoint les abysses de mon cerveau par manque de personnalité.
Je persiste à penser qu’un peu de chant aurait permis d’éviter une certaine linéarité dans la production d’Endless Dive. Cependant, force est d’avouer que ce jeune quatuor (deux guitares, une basse et une batterie) possède peut-être un bel avenir devant lui s’il parvient à se montrer suffisamment original et « esgourdissant. »
Rudy Zotche