Dreamgrave – Monuments
Autoproduction
2017
Rudzik
Dreamgrave – Monuments
Quelques fois, la surprise musicale surgit de là où on ne l’attendait pas. Ainsi, Monuments est comme un halo lumineux et musical en provenance du royaume des ténèbres qu’est devenue la Hongrie rongée par l’extrême droite.
Il s’agit du troisième opus enfanté par Dreamgrave, en fait un EP de trois titres qui n’ont pas grand chose en commun si ce n’est un immense travail sur les harmonies vocales et les parties symphoniques. Le groupe fond dans un creuset de metal un alliage vocal constitué d’une voix féminine soprano, de growles et de chœurs masculins, pour ensuite le présenter dans un écrin musical « symphonicoprogmétallique ».
Ce melting pot complexe commence pourtant sagement avec « Drop The Curtain », une superbe ballade somme toute classique dont le thème est le combat contre les maladies mentales et aux proches qui investissent tout leur amour pour accompagner ceux qui en souffrent. Ce titre est largement emprunt de la magnifique voix de sa chanteuse Mária Molnár et, avant que « le rideau ne tombe », il est transcendé par des soli de violon (Krisztina Baranyi), de guitare (Dömötör Gyimesi) et de claviers (János Mayer) d’une rare émotion.
La suite est beaucoup plus hors des sentiers battus, témoin le début très jazzy de « Monuments » avec encore une belle performance vocale de Mária, brusquement interrompue par un riff metal subjugué par les growles de Dömötör. Si le metal néo-classique finit par l’emporter, c’est après une lutte épique avec … une commode dont on aurait exploré tous les tiroirs musicaux, contrairement au thème du titre traitant de l’uniformisation de l’individu. C’est certainement dans ce morceau que l’on sent le plus les influences du groupe à savoir Opeth, Paradise Lost etc.
« The Passing Faith In Others » est encore plus ambitieux. Cet hymne anti égoïsme est constitué de deux parties assez distinctes. La première est une sorte de valse progressive protéiforme dans laquelle le côté symphonique du groupe s’exprime totalement sur une rythmique de basse ondoyante de Péter Gilián. Elle mute sans en donner l’air en metal progressif inspiré et musclé. Changement total de décor pour une seconde partie qui enfile un inattendu costume tribal du plus bel effet, concrétisé par l’association improbable des percussions de Tamás Tóth, avec toujours ce chant soprano irréel et ces cordes symphoniques intemporelles qui sont la marque de fabrique de Dreamgrave.
Certes, trois titres, c’est un peu court même pour un EP mais quand la qualité de composition, d’inspiration et d’exécution est au rendez-vous, vingt quatre minutes de musique peuvent quand même mériter le patronyme de Monuments.
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