Dream Theater – Live At Luna Park
Dream Theater
Eagle Rock
Alors que le très décrié douzième album studio du groupe a causé de nombreuses disputes parmi les fans, les lecteurs et les membres de la rédaction (Jérémy m’en a même mordu sauvagement les bijoux de famille !), le label Eagle Rock remet aujourd’hui les pendules à l’heure avec ce magnifique blue-ray enregistré live dans la salle Luna Park à Buenos Aires en août 2012, à la toute fin de la tournée « A Dramatic Tour Of Events ». La formation possède aujourd’hui une sacrée envergure et est réclamée aux quatre coins de la planète rock. Elle donne donc une multitude de concerts un peu partout en changeant souvent sa set-list et en s’octroyant de petites récréations, comme c’est le cas ici avec la présence de quatre morceaux de roi accompagnés par un divin quatuor à cordes (« A Fortune In Lies », « The Silent Man » et, dans les bonus, « Wait For Sleep » et « Far Fom Heaven »), respirations bienvenues dans un ensemble chaud comme de la braise. Débutant les hostilités à fond la caisse avec les bouillants « Bridges In The Sky », « 6:00 » et « Your Dark Eternal Night », cet enregistrement est un concentré de mélodie et de technique assez stupéfiant. James LaBrie y est absolument parfait (n’en déplaise aux détracteurs – hélas trop nombreux – du bonhomme), au niveau vocal comme en termes de charisme scénique (il occupe très bien les planches, haranguant en permanence le public et ses collègues parfois un peu trop statiques).
Le groupe est, ce soir là, au sommet de sa forme et de son art et c’est avec le plus grand plaisir que l’on se replonge dans ses morceaux les plus progressifs (« The Spirit Carries On », « Metropolis Pt.1 », « Caught In A Web », « Pull Me Under » et tant d’autres compositions du tonnerre de Zeus). Pour le reste, il mélange allègrement les genres durant pas moins de deux heures quarante (on ne se fout pas de la gueule des acheteurs du côté du théâtre du rêve !), avec quelques morceaux hyper complexes (l’impressionnant « Lost Not Forgotten » et l’enchainement « War Inside My Head »/ »The Test That Stump Them All », pour ne citer que deux exemples parmi une pléthore d’autres) avec des pièces plus calmes magistralement interprétées (« Surrounded », « Wait For Sleep », « Far From Heaven », etc.)
L’intégralité de « A Dramatic Turn Of Events » est exécutée avec brio et le filmage est nickel chrome, évitant les plans hachés, pourtant tellement à la mode dans cette période faite de flash et d’éphémère, au profit d’une mise en scène dynamique et remarquable avec des séquences visuelles très variées et un travail sur les lumières extrêmement sobre, ce qui évite la surenchère en la matière dans laquelle se lancent en vain de trop nombreux gang de prog’ metal.
Au niveau des inévitable soli maintenant, si celui improvisé par Jordan Rudess est vraiment superbe et celui de John Petrucci grandiose, le nouveau venu Mike Mangini privilégie hélas la technicité tape à l’œil et stérile au groove cher au regretté Mike Portnoy. Quoiqu’il en soit, « Live At Luna Park » est peut être bien la meilleure vidéo de Dream Theater en raison de sa mise en scène impeccable ainsi que de la qualité et de la diversité de sa set list, alternant brillamment technique et émotions. Bluffant !
Bertrand Pourcheron (9/10)