Doomed Gatherings III au Glazart
Doomed Gatherings III au Glazart à Paris, les 14,15 & 16 mai 2016
En ce long week-end de mi-mai, les Stoned Gatherings, Dead Pig Entertainment, Excited et la salle du Glazart organisaient la troisième édition des Doomed Gatherings avec une affiche particulièrement orgasmique. Ça, c’en est même une évidence quand on renifle l’air avec ce faciès égaré de chien fou psychopathe dès qu’on entend les termes stoner, doom et sludge. Troisième édition, trois jours de gras, ça aussi c’est de l’évidence. Mais au lieu de faire un compte-rendu précis (et en retard) de ces jours de festivités sous un ciel plutôt clément, voici plutôt le top cinq des bonnes raisons qui démontrent qu’il fallait être au Glazart les 14, 15 et 16 mai dernier.
Raison n°1 : une affiche digne des Desert Fest, Roadburn et Hellfest (eh ouais Bonzo!).
Oui, car pour ceux qui ne pouvaient pas se déplacer jusqu’en Hollande, Clisson, Berlin ou Londres, ben il y avait Paris. Les Stoned Gatherings et le Glazart, c’est un pied à terre, du sûr, du solide, du compact. Les programmations n’ont jamais déçues et celle-ci ne déroge pas à la règle. On fait pause cinq secondes. Crowbar, la réformation de Ramesses, Elder, Trouble, Toner Low, Mantar, Monolord (qui ne joue pas à 10h du mat) en tête d’affiche et à dix minutes de chez soi (moi)… Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? M’enfin… Une seule scène, peut-être, cette salle longue aux allures de squat mais qui oblige le public à se déplacer, parce que dès que ça commence, l’échelle de Richter se retrouve bouleversée et c’est très cool. Et puis, j’aime bien cette scène, c’est subjectif, personnel, point. Bref, pour tous ceux qui rêvaient de voir ces groupes, c’était l’occasion ou jamais !
Raison n°2 : le Glazart, c’est cool !
Pour l’occasion, la salle a ouvert sa plage pour accueillir les vestes à patchs, food truck, disquaires (Musicfearsatan et Totem Cat, entre autres). Les transats étaient donc de sortie, le temps pas trop capricieux, les pintes à foison, les vigiles pas trop relous et tout simplement où il faisait bon vivre. Que ce soit en discourant sur les performances en enchaînant les godets, liant connaissance fortuite ou tout simplement en déambulant et discutant avec les groupes dans une ambiance relâchée, à la cool quoi !
Raison n°3 : être là tôt, ça a du bon !
Ce que j’aime bien, ce sont les groupes qui ouvrent les journées avec entrain. Ils savent très bien qu’ils n’ont en face d’eux que quelques pecnots (cinq le 16 mai, moi compris…) mais ils s’en foutent royalement et envoient la sauce, quoiqu’il advienne. Ce n’est pas parce qu’on commence à 16h (15h le dernier jour) qu’on peut ne pas mettre une branlée à l’assistance. Forcément, j’aime. Au programme, on aura eu Throw Me In The Crater, Bathsheba, NNRA, Mammoth Weed Wizard Bastard, Hang The Bastards, Caroussel, DDENT, Chaos E.T Sexual. Du sludge bien boueux, du stoner-rock percutant, de l’expérimental tendant vers le post-hardcore, du shoegaze, voire de l’indus, et du dubstep. Et comme je suis fier de ma consistance à résister à plus de vingt heures de son gras et lourd tout comme aux pintes successives, tel un parpaing, je n’en ai pas loupé une miette.
Raison n°4 : les bûches !
Parce que trois jours comme ça, si ça n’emmène pas des troncs au travers de la gueule, franchement, je me fais pape pro-life. On en aura eu du set qui décalque. La palme revenant sûrement à Mantar, qui aura donné au Glazart un parfum de squat d’Europe de l’est avec le plus gros moshpit du week-end. Mais on ne peut oublier le set rétro galvanisant de Trouble, l’ouverture de la septième porte des enfers avec Ramesses en mode répétition garage, le trop court set bluesy d’Egypt, les plus psychédéliques des allemands avec Electric Moon et leurs deux morceaux hypnotiques, le séisme de Monolord, la fan-base acquise de Crowbar (bien que le set m’ait déçu, bof, bof), le fake ultime du week-end avec Altered Beast « je n’existe pas en fait, je suis Conan et je vous POUTRE la gueule !! », et, enfin, la classe Elder, yeah !
Raison n°5 : Toner Low, pendant trois jours…
Invités durant les trois jours, les Doomed Gatherings nous ont offert trois sets entreprenants chaque soir, avec un album différent joué en intégralité. Et à chaque fois, une bûche psyché-stoner LOURDE qui aura rapetissé les omoplates et la taille des participants, tout en mutant les perceptions que l’on peut avoir de l’espace et du temps. Toner Low, c’est la création d’un trou de vers qui aspire l’énergie du public pour mieux lui rebalancer au travers de la gueule. Si le premier soir, je me suis éclipsé au fond de la salle par fatigue, je me suis rapproché des premiers rangs plus tard pour me prendre la mandale du week-end qu’était l’interprétation du troisième et dernier album. Et là, tout va mieux. On oublie la crise économique, la montée du racisme électoral ambiant, les complotistes, les râleurs, les communautaristes de tous poils, les cons. Écrasé, broyé, mais heureux, je faisais partie des abrutis qui se baladaient suite au set un vinyle et un t-shirt sous le bras, tout fier. Tout ça pour dire, Toner Low, c’est bien.
Voilà, vous avez les cinq raisons pourquoi il faisait bon d’être au Glazart. À l’année prochaine et faîtes de beaux rêves…
Jéré Mignon