Def Leppard – Hysteria
UMC
1987
Alain Massard
Def Leppard – Hysteria
Def Leppard est le groupe de rock britannique né en 1977 dans un genre qui sera nommé en début de décennie 80’s la NWOBHM (new wave of british heavy metal), pour insuffler un renouveau sang britannique. Le groupe de hard va vendre plus de 100 millions d’albums de par le monde et près de 20 millions pour ce seul album provoquant une hystérie mondiale. Au fait l’album se nomme Hysteria un présage ?
Leur départ est intéressant, étant formés de deux guitaristes et ayant un répertoire allant de Bowie à Black Sabbath, disparate. Ils tournent rapidement en soutien à Ted Nugent et AC/DC leur procurant une reconnaissance grandissante. Trois albums avec un sang neuf les propulsent comme référence mondiale jusqu’à l’accident de route de Rick le batteur avec la perte d’un bras laissant présager d’une fin du groupe. Aidé par Phil Rudd, celui d’AC/DC, l’aidant à bricoler une batterie configurée pour « un seul bras », il reste dans le groupe soutenu par les autres membres. Hysteria sort donc trois ans après son accident et est acclamé mondialement, car gavé de hits. Du hard oui mais du hard moderne pour l’époque et avec de longs développements.
« Women » enfonce le clou en « metal » dès le départ, un cri de ralliement de la NWOBM avec tous les ingrédients qu’il faut pour mettre le feu. Le son est énergique tout en restant mélodique malgré la furie. Un cri « Women », agressif et tellement tendre à la fois, montre le ton de l’album. « Rocket » démarre comme une fusée avec son pad tribal, juste pour vérifier que Rick se démène comme il faut derrière ses fûts. Le break à la Queen avec des nappes de synthés, des chœurs criés, mixés, les percussions, les guitares tournoyantes, toutes ces innovations pour ce groupe le propulsent au fait de sa gloire. Elles génères un son qui les fera aduler par les fans de glam heavy rock. « Animal » vient comme un intermède après ces deux titres furibonds, proposant un morceau soft, posé et bien calibré. Le clip montre la fameuse batterie et le groupe soudé autour d’elle. Tiens, un refrain qui roule comme une Cadillac sur la route 66, animal, c’est « Love Bites » avec du synthé et une voix samplée, l’air monocorde, le slow qui tue ! « When you make love » ah oui carrément. L’un de mes premiers EP-CD que je mettais en boucle sur mon Pioneer. Le son digital clair qui se transformait en déluge torrent de hard comme il faut en live. Combien de fois ai-je pu les voir en admirant sur leur fameux show laser. Ce titre possède un air qui se décline à toutes les sauces, un refrain hurlé, chanté, susurré, des bribes de guitare qui bourlinguent de ci, de là. Il propage l’envie pressante de rester collé à la taille de sa promise du temps jadis. Sa mélodie au final progressif, si, si je vous l’écris. « Pour Some Sugar On Me » est l’hymne de heavy metal dans toute sa splendeur : un démarrage taillé pour faire chauffer la salle et c’est parti. Du rythme, du bruit, des cris, de la puissance, un chœur torride. Tout pour en faire un hit et hurler soi-même dans la fosse et dans les gradins. « Armageddon It » suit, semblable tout en étant différent, vous voyez ? Le son, la voix, le côté mauvais garçon bien habillé ou le bon garçon se la jouant canaille avec son jean tout troué, bien avant que l’on vende des Lewis blanchis… et troués. Le solo qui gicle, ces chœurs dont on dirait aujourd’hui du rock bien convenu finalement, mais également bien ficelé.
« Gods Of War » sonne la seconde partie du CD (plus besoin de se lever pour changer de face). Intro cinématique, guerrière, progressiste bien sur, il faut bien que j’en trouve un peu. Attention baissez vous, les balles sont rasantes, bref 45″ de pur bonheur avant que Rick ne mette le feu, avant d’avoir Phil et Steve asséner des riffs, avant d’avoir Rick inonder le titre de sa basse vrombissante. La montée amène au refrain millimétré, les guitares prennent la corde. Le retour à ce riff de base fait bouger tes jambes, une bonne rééducation presque 40 ans plus tard pour ceux en EPHAD dans un fauteuil roulant à force d’avoir liquidé des tonnes de bière. La fin se fait avec des bruitages comme au bon vieux temps où l’on rigolait de la guerre, ne l’ayant pas vécu. Quelle fin ! Rappelez vous ce bruit de bombe du tonnerre. « Don’t Shoot Shotgun » et des chœurs vomissant dès le départ tel un fusil des balles. Le titre reprend les poncifs poussifs du groupe avec le rythme effréné, les guitares qui causent et la batterie qui nettoie les enceintes. C’est énergique, électrique et même jouissif. Un « Run Riot » ciselé est dans la même veine, virevoltant et lourd avec sa batterie synthétique. Les guitares partent dans tous les sens et la voix me rappelle Pyromania, leur meilleur album. Ça va vite, très vite, pas le temps de se poser alors qu’arrive « Hysteria », le titre éponyme et le second titre slow-guimauve, celui où tu fonds comme ce bonbon plein de colorants et dangereux pour la santé. Quel plaisir d’avoir une déclinaison hard doux, un oxymore musical, un élan progressiste en soi avec le crescendo qui tue. Les guitares semblent figer le temps et lancer leurs notes à qui veut bien. « Excitable », bon là j’ai droit à un joker, trop chaude cette intro quoique typique des 80’s. Alors on est en phase. C’est bon mais le côté redondant se fait sentir au bout d’une heure d’écoute de l’opus. « Love And Affection » clôture fort justement Hysteria après une heure d’orgasme métallique et de hard, mélodique. Ce titre se décline sur un crescendo mélo-monolithique qui pourrait durer plusieurs minutes supplémentaires. Les soli viennent mettre l’ambiance mais le rythme est bien là, à la limite hypnotique, envoûtant : un vrai trésor.
Def Leppard a ressorti une vingtaine d’années plus tard Hysteria avec des remixes, des faces-B , des lives, mais le plus intéressant reste les 12 titres d’origine à graver au panthéon du metal. Aujourd’hui, avec du recul, le son semble plus rock que heavy mais dans mes souvenirs je garde le souvenir de Def Leppard comme étant un agréable groupe percutant et sucré à ne pas snober.
Une bonne année 1987,marillion, U2,Def léopard…