Deathspell Omega – Drought

Drought (EP)
Deathspell Omega
2012
Norma Evangelium Diaboli

Deathspell Omega – Drought

Deathspell Omega est un style à lui tout seul. Une sorte de black metal rampant, extrêmement agressif, et qui laisse peu de place à la riposte. Deathspell Omega est un fantôme, une silhouette entraperçue avant que le chaos ne s’installe. Son emprise est énorme, son raisonnement propre, et la perception du commun des mortels variée. Ultra-violence, technicité d’un autre monde (Gorguts les a perturbés pour sûr), rejet radical d’une part, et adoration fascinante de l’autre. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas de clones, Deathspell Omega règne seul dans son empire (mis à part Gorguts peut-être). « Drought », car je décide de commencer par celui-là, est le dernier enregistrement en date. Un EP, d’une durée de vingt et une minutes, ni plus, ni moins. Aride, c’est le premier terme qui vient à l’esprit. La terre est sèche, les cours d’eau se sont taris, nul être vivant n’a pu survivre, le sable et la poussière imprègnent l’atmosphère et s’immiscent par les pores d’une peau décharnée. On peut trouver quelques herbes, ici et là, mais dès qu’on les effleure, elles tombent fatalement en poussière.

Deathspell Omega est l’expérience d’un instant, celle qu’on prend en son corps avant qu’une réalité physique nous rappelle notre essence, futile et instable. L’intensité de « Drought » est remarquable, à tel point qu’on doit reprendre son souffle, comme il est d’usage sur les dernières sorties du combo Français. Sa technicité est imparable, précise, suffocante. Cette voix d’outre-tombe racle et disperse les effluves poussiéreuses tout en n’ omettant pas de garder une agressivité mortifère. Une présence, pesante et malsaine. Soit, nous perdons la surprise. L’efficacité est de mise dans ce faux long titre. Dissonances abruptes, ruptures radicales, mélodies blafardes s’extirpant dans la douleur, chaos pas loin d’une scène hardcore virulente et extrême (on pense à Comity ou encore à un Converge épicé à la sauce black metal corrosive), production précise bien que moins pesante, « Drought » en impose.

Moins que « Fas It » ou « Paracletus », Deathspell Omega prend toute sa puissance sur le long format (titre comme album). Cependant, on ne peut nier le caractère quasi-hypnotique de « Drought ». On accroche à cette production, cette folie malsaine, cette austérité maximaliste. Certains apprécient moins cette sortie, et pourtant, elle ne laisse que la vision de dunes balayées de bourrasques brûlantes, la gorge sèche, et cette étrange impression de toute puissance dans la solitude.

La représentation d’un visage qui se cache aux yeux du créateur impuissant. Honte ou dégoût ? Etrangement, je me sens fier d’écouter « Drought ». Deathspell Omega est seul et sans rival dans son royaume, encore une fois.

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.deathspellomega.com/

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