Death Mercedes – Sans Eclat

Sans Eclat
Death Mercedes
2013
Throatruiner Records

Death Mercedes – Sans Eclat

Hypocrites,  menteurs. Mollards sur le bitume. Tête dans le caniveau, je dédie cette visite aux mielleux, aux traitres, aux fielleux, aux arrogants, pernicieux, racistes, violents, aux violeurs, aux entubeurs, aux filous, aux véreux, voleurs, mendiants, solitaires, arnaqueurs, aux pleurnicheurs, aux escrocs, aux fourbes, aux sournois, aux vicieux, acteurs du bonheur oublié,  comédiens d’un combat que nous sommes loin d’avoir gagné. Effluves de Bukowski, Dan Fante, et peut-être même du père. Sentez ce frisson qui vous parcoure, repoussant sueurs et calories… C’est ainsi, Mesdames et messieurs que je vous salue. Prenez place, je vous prie. Merci d’être avec nous et d’avoir choisi notre parcours touristique. Une visite comme nulle autre, soyez-en certain. Soyez averti. Et ça compte aussi pour toi, connasse ! Oui, toi ! Eteins-moi, de suite, ton I-pod Star Wars. Regarde-moi et ouvre grand, bien grand tes oreilles… Ici, je vais vous conter Paris. Ah, Paris restera Paris… Belle ville, n’est-ce pas ? Les bars étudiants aux fauteuils veloutés, le café hors-de-prix, ville lumière. La Tour Eiffel, le musée d’Orsay, le Louvre, ces mairies, les fêtes de quartiers, les marchés, laissez-moi vous montrez l’envers du décor. Paris, catacombes à ciel ouvert. Tout de suite, sur votre gauche, vous pouvez observer le dubitatif. Habillé comme n’importe qui d’autre, le  mécréant transparent. Remarquez son pas lent, son œil terne. Il pense avoir les armes pour combattre la vie mais il a le choix entre la désillusion et rien. Pauvre type… Masse informe, aveugle, péteuse.

Sur votre droite vous pourrez voir un beau spécimen de merde ambulante. Oui, mesdames et messieurs, une vraie, un désœuvré, qui regarde le fond de son verre, sur le fil, limite du suicide, un strip-tease sur le zinc collant. Le cafard, sale et sournois. Chut, ne le dérangeons pas, il se montre nerveux lors des grandes manifestations. Peut-être est-ce l’alcool qui le maintient, un tant soit peu, debout. Un chanceux, finalement. Mais une merde, quand même. Attention à la marche en sortant.

Ah ! Si vous tournez assez vite la tête vous pourrez apercevoir une future suicidée. Suivez bien mon doigt. Là, sur le pont. Un splendide cas, je confirme, même si pas si exceptionnel que ça. Le prototype de la femme battue, belle, humiliée quotidiennement, violée sans doute. Regardez ce visage, ces cernes, ces pupilles dilatées, ce mascara dégoulinant. Je ne peux vous dire son âge avec précision, mais je peux vous affirmer, sans risque, qu’elle fait plus vielle que sur photo. N’ayez pas peur de zoomer. Approchez-vous. Ça te concerne aussi, toi, là, la pisseuse du premier rang. Vois ce que tu peux devenir. Ecarte un peu trop les cuisses et contemple le résultat. Une pierre autour du cou, un sourire et les eaux dégueulasses de la Seine comme cercueil. Photos vendues à la fin de la visite, bien entendu. Dégueulasses, pervers…

Plus rare, mais intéressant, l’optimiste. Il en faut toujours. N’ayez crainte, prenez des clichés, il ne mord pas, pas encore. Il sait qu’il a une vie de merde, un boulot de merde, une femme de merde, des gosses de merde, des traites, un loyer, des voisins, des factures mais, quelque-part, il veut y croire. Le désespoir fait vivre, dit-on. Laissez-moi rire mais laissons paraître, encore. Et là, mesdames et messieurs, admirez la toute pourriture de la vie, les miasmes, les mouches, la pestilence. Une splendeur citadine! La mécanique du geste, le faire-valoir, le choix crotteux qui n’en ai pas un, une société rongée par les vers, désarmante, la putrescence de l’esprit. La merde, la vraie, celle qui se dissimule derrière les effets architecturaux d’un autre siècle monarchiste.

Respirez. Pleine gorge. Là, voilà. La fange, les moutons, la docilité, béat, corrompue… C’est vous, oui, vous, produit de masse soumise, enseigne de pute de luxe. Des cons dans une ville de cons. À défendre la valeur du bio à la con, tellement à la mode citadine putassière, à prôner le ramassage des merdes de ces putains de clébards. Charlatans, simulateurs de mes couilles. C’est vous qui faîtes que cette merde est et que nous nous complaisons dedans dans un mélange de délice sirupeux et de dégout vomitif ? Pour ça, merci, on ne le dira jamais assez. Voilà.

Mesdames et Messieurs, notre visite est à présent terminée. J’espère qu’elle vous aura plu, instruit et que nous aurons le plaisir de vous revoir prochainement. N’oubliez pas le guide…

Jérémy Urbain (8/10)

http://deathmercedes.bandcamp.com/

3 commentaires

  • Marie Spencer

    je ne vous mentirai pas en disant que je n’ai aimé ni la chronique et ni le morceau choisi…sans intérêt pour moi!

  • Philippe Vallin

    Bonjour Marie !

    Comme quoi, les dégoûts et les couleurs 😉

    A+ !

    Philippe (qui n’est pas l’auteur de la chronique, ouf !! ;-)))

  • Nemours

    Je n’aime pas la musique que tu écoutes, mais je me régale à lire tes chroniques… Du vécu, on dirait…

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