Dätcha Mandala – Koda
DM Prod / Take It Easy
2024
Palabras De Oro
Dätcha Mandala – Koda
Coucou, les revoilou ! Après quatre albums (deux EP et deux LP) biberonnés aux racines psychédéliques et hard rock des 70’s, Dätcha Mandala fait sa mue en proposant un Koda résolument orienté brit pop. Fini le jeu de cache-cache avec les influences zeppeliniennes. En manque de reconnaissance malgré un parcours live plus qu’honorable avec, en point d’orgue, une apparition fort remarquée au Hellfest 2022, les Bordelais ont fait le choix d’un style plus direct et formaté aux standards de la pop.
Autant le dire tout de suite, j’ai été quelque peu pris de court. M’attendant à des bordées de riffs rugueux et à un chant très live, ma surprise fut totale devant cet opus pop et lissé destiné certainement à un public plus mainstream que celui habituellement ciblé par le groupe. Et pourtant, le line-up est inchangé avec un trio formé par Nicolas Sauvey (chant lead, basse), Jérémy Saigne (guitare, chant) et Jean-Baptiste Mallet (batterie, chant).
Le single « She Said » ouvre le ban en annonçant la couleur. Les riffs, comme sur la plupart des titres, sont compacts et colorés de stoner plutôt que de classic hard rock, mais le chant et autres harmonies vocales sont résolument pop. C’est donc de ce côté-là qu’il faut tendre l’oreille pour remarquer ce qui a changé chez Dätcha Mandala. Pas de cris ou d’éructations en shuffle sur des accents bluesy. Place à des refrains bien propres sur eux et calibrés FM. À ce petit jeu là, « She Said » se montre très efficace. « Koda » qui lui succède affiche une basse mixée plus en avant que les riffs sur les couplets, ceci afin de préserver l’énergie qui débarque sur un refrain plus pop que le précédent qu’un bon solo de wah wah vient relever. Le virage pop est encore plus prononcé avec « The Wanderer » aux couplets sucrés contrebalancés par un refrain plus lourd et un joli solo de guitare. Il faut attendre « Om Namah Shivaya » pour avoir droit à plus d’originalité grâce à des accords breakés, un chant plus bluesy, une batterie sortie de son carcan et un solo de guitare bien tourmenté. C’est un morceau qui détonne par rapport aux dix autres titres de Koda en ce sens qu’il est plus dans la lignée des opus précédents du groupe. Le prolonger par une minute de solo de batterie est inattendu également. Pourtant, on revient vite dans les traces du nouveau chemin emprunté par Dätcha Mandala avec « Wild Fire », un petit blues/rock tranquille, sans surprise mais efficace. « Love Myself » redonne un rythme plus soutenu à la galette tout en étant nettement plus léger, mélo et pop… un autre simple en puissance. Du rythme, mais aussi de l’énergie, « Thousand Pieces » tombe à pic pour en apporter une bonne dose dans un style plutôt neo punk. Ensuite, Koda retrouve plus de compacité et de lourdeur avec « It’s Not Only Rock’n’Roll » aux sonorités parfois orientales et surtout le mid-tempo très costaud « Homeland », le titre sur lequel on perçoit le mieux le back-ground musical antérieur de la formation. Ce dernier clôture très pesamment un opus globalement moins lesté comme l’illustre la très jolie ballade acoustique « Julietta » intercalée entre ces deux pachydermes.
Que faut-il penser de l’orientation musicale donnée par Dätcha Mandala à Koda ? Faut-il y voir de l’opportunisme pour percer en abattant une carte pop insoupçonnée, mais assurément maîtrisée ? Ou bien doit-on reconnaître la capacité du groupe à se remettre en question avec une prise de risques leur permettant de se renouveler ? Je n’ai pas la réponse à ces questions même si j’avoue préférer la couleur classic hard rock du groupe à celle brit pop affichée. La démarche du groupe n’est pas critiquable, car en mai, fais ce qu’il te plaît. Plus sérieusement, jouer de la bonne brit pop est une performance pas si facile que ça à réussir et il faut reconnaître que le trio bordelais s’en sort très honorablement sur Koda.